Dans un temps où les quotas d’émissions de carbone frappent certaines industries, nos amis québécois ont trouvé une source de crédits carbone à laquelle on n’avait pas encore pensé, et nous montrent ainsi (peut-être) la voie du salut : la modernisation du chauffage des congrégations religieuses et les économies énormes de CO2 en jeu. Encore faudrait-il que tous les bâtiments conventuels soient chauffés, ce qui en France, où ils sont de plus en plus désertés, ne risque pas d’être le cas. Mais l’expérience de la congrégation des Sœurs de l’Assomption de la Sainte-Vierge, à Nicolet, au Québec est particulièrement édifiante.
En effet, les locaux des sœurs avaient vraiment besoin de quelques travaux, et tout particulièrement le chauffage au fioul, aussi consommateur que pollueur, ne répondait plus aux exigences d’une époque où les économies d’énergie revêtent une importance capitale. Or la congrégation semble particulièrement sensibilisée à la préservation de notre planète, comme le précise la sœur Huguette Moreau :
En investissant dans l’environnement, nous voulons léguer un monde meilleur aux générations futures (…) Lors d’une rencontre de la Congrégation, en 2000, nous avions pris une résolution pour ce qu’on appelait la planète bleue – pour l’environnement. Alors, quand est venu le temps de rénover en 2005, on a pensé à la géothermie, on a fait des études et on a retenu ce choix.
C’est donc tout naturellement que les sœurs se tournent vers les énergies renouvelables pour chauffer leur bâtiment principal et leur infirmerie. Un projet quelque peu ambitieux, étant donné l’importance des locaux : pas moins de 88 puits creusés à une profondeur de 150 m permettent de récupérer la chaleur de la terre. D’autre part, cette conversion s’accompagne de la mise en place de mesures d’économies d’énergie. Au total, cela représente 3 millions de dollars de travaux (environ 2,1 millions d’euros), et constitue un des plus importants projets privés de géothermie au Québec.
Mais passer du mazout à la géothermie a aussi l’avantage de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre. Si la congrégation ignorait pouvoir utiliser ces réductions pour vendre des crédits carbone, une société, L2i, s’est chargée de les en informer, et d’en acheter un lot de 16 747 tonnes, pour une somme de 127 000 $ (soit environ 91 500 €).
La congrégation des Sœurs de l’Assomption de la Sainte-Vierge de Nicolet deviennent ainsi le premier organisme religieux reconnu par le Vatican à vendre des crédits carbone. Les fonds récoltés à cette occasion vont leur permettre de continuer à valoriser leur patrimoine tant culturel que religieux.
Sources : La Pressaffaires, Yahoo Finances Québec