Les Amis de la Terre dressent, dans un communiqué, sous l’interrogation : Détruire la nature pour sauver les climats ? , un bilan catastrophique des agrocarburants. Utiliser cette solution pour remplacer les énergies fossiles relève, selon eux, d’une fausse bonne idée : il suffit de creuser un peu la question pour en découvrir les côtés négatifs.
« Le remplacement des énergies fossiles par des agrocarburants paraît à première vue être une bonne idée. (…) Mais l’envers de la médaille de cette brillante promesse est bien sombre. Trop souvent, en cherchant à transformer les plantes en carburants, on reproduit les pires excès des autres technologies extractives » explique l’association qui en donne plusieurs exemples. Ainsi au Brésil se déroule un accaparement massif des terres par de grandes entreprises, au détriment de la biodiversité et de l’agriculture de subsistance, pour cultiver l’eucalyptus à grande échelle. En Caroline du Nord aussi, des forêts marécageuses, abritant des espèces rares, sont débitées pour produire des granules de bois, dont une partie à destination du Royaume-Uni. En Indonésie, ce sont les forêts primaires et les tourbières qui sont détruites pour laisser la place à des plantations de palmiers à huile pour produire de l’agrocarburant, ces mêmes plantations sont d’ailleurs en train d’envahir l’Afrique.
Il en va de même pour la production d’éthanol à partir du maïs, dont les champs se sont étendus au détriment de zones naturelles protégées, de prairies vierges et de zones humides. Ces biocarburants sont-ils au moins neutres en carbone ? Non, pas vraiment, expliquent les Amis de la Terre : « Premièrement, une forêt rasée mettra des décennies, voir même des siècles, pour se reconstituer complètement, ce qui provoquera une augmentation des émissions de CO2 pour les 50 années à venir. Deuxièmement, la déforestation entraîne souvent une érosion du sol qui libère le carbone qui était précédemment séquestré dans des couches stables du sol. Troisièmement, lorsque l’agrocarburant est produit à partir de plantations de maïs ou de canne à sucre, celles-ci contiennent moins de carbone qu’une forêt adulte. »
Une production d’agrocarburants à petite échelle est envisageable, continue l’association, mais l’exploitation industrielle se révèle tout aussi néfaste sur le plan écologique que n’importe quelle énergie fossile : des mouvements anti-agrocarburants s’amplifient d’ailleurs, comme à Londres où a eu lieu une manifestation contre une usine de Drax, entreprise à la tête du développement des agrocarburants.
« Il est tout à fait possible que les conséquences perverses de ce qui au premier abord paraissait être une bonne idée, découlent inévitablement de notre façon de considérer la nature uniquement comme ressource. Tant que cette attitude ne changera pas, nous continuerons à encore détruire, tout en voulant bien faire » conclut le communiqué.
Source : Les Amis de la Terre