Les associations RESPIRE et Greenpeace viennent d’établir des cartes détaillées des niveaux d’exposition des établissements scolaires et des crèches à l’air pollué en Ile de France (IDF) et à Marseille. Les résultats, même s’ils sont en amélioration dans la région parisienne, sont loin d’être satisfaisants. Et encore moins si l’on se réfère aux seuils recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), beaucoup plus stricts que ceux fixés par la règlementation européenne.
Les résultats donnés par RESPIRE pour l’Ile de France reposent sur l’analyse de plus de 100 millions de données fournies par Airparif. Pour Marseille, ils s’appuient sur une carte produite par Atmosud qui permet de connaître les concentrations de certains polluants de l’air. Les informations ainsi recueillies sont mises à disposition en ligne sur le site de chacune des associations et ont permis l’élaboration d’une carte détaillée.
En Ile de France
En IDF, bien qu’en amélioration depuis 2012, la qualité de l’air reste encore largement insatisfaisante. La proportion d’établissements dépassant les seuils légaux de pollution au dioxyde d’azote (NO2) a été divisée par plus de deux. Toutefois, sur les 12 250 établissements scolaires (et crèches), 682 sont encore exposés à des concentrations dépassant les 40 μg/m3 légaux.
La grande majorité de ces établissements à l’air pollué se situent à Paris (548), où 26 % d’entre eux sont concernés, et dans la petite couronne. Les dépassements de seuil en particules fines (PM10 et PM2,5) sont comparés en fonction des normes européennes et de celles de l’OMS, beaucoup plus exigeante. Pour les normes européennes, aucun établissement ne les dépasse pour les PM2,5 et un seul pour les PM10.
Si l’on prend les normes OMS en revanche, plus de 10 000 dépassent le seuil de PM2,5 et plus de 4 000 celui de PM10. Au total, 10 millions de personnes sont concernées par les dépassements de PM2,5 en Ile de France. Rappelons que parmi elles, les enfants représentent une population très vulnérable aux polluants de l’air, nocifs pour la santé.
A Marseille
C’est le site de Greenpeace qui présente les résultats obtenus ici. Marseille est une des villes les plus polluées de France. Aux côté de Lyon, Strasbourg, Nice et la Vallée de l’Arve, entre autres, Marseille fait partie des zones françaises qui ont conduit la France devant la Cour de justice européenne pour cause de dépassement des limites légales pour le dioxyde d’azote (NO2).
A Marseille, 58 % des établissements scolaires ou crèches se trouvent à moins de 200 mètres d’une zone extrêmement polluée (plus de 40 μg/m3 de NO2), soit 506 établissements. Là aussi, le trafic routier en est le principal responsable (42 % des émissions de polluants de l’air) de cet air pollué, suivi de près par le transport maritime. Et bon nombre d’habitants sont exposés là aussi à des niveaux élevés de particules fines.
Les recommandations des associations
Les associations Greenpeace et RESPIRE, en partenariat avec la Fédération des parents d’élèves de Paris, proposent chacune des solutions tout d’abord locales pour améliorer l’air. Cela passe par un encouragement à des mobilités alternatives, transports en commun, covoiturage, vélo, etc. Mais aussi, toujours localement par des créations de zones à faible émission. Et des infrastructures dédiées à une mobilité plus durable : voies réservées pour les transports en commun, les véhicules électriques ou hybrides et ceux en covoiturage à Paris.
A Marseille, il s’agit plutôt de développer l’offre ferroviaire à l’échelle de la métropole, d’améliorer les transports en communs en ville, d’encourager le déplacement à vélo et la marche, d’accompagner les professionnels et les ménages les plus modestes vers des moyens de transport propres. Et d’abandonner des projets comme le Boulevard urbain sud.
Des mesures sont aussi à prendre à l’échelle nationale. Il faudrait en effet par exemple renforcer la prime de conversion, prendre en compte des recommandations et les seuils fixés par l’OMS, plus stricts que les européens, systématiser le forfait mobilité durable et fixer dans la loi la fin de la vente des voitures neuves à moteur thermique.
Sources : Greenpeace, RESPIRE