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Alimentation et émissions de GES : les effets inattendus du passage de l’URSS à la Russie

 émissions de GES liées à l'alimentation en RussieUne étude de l’Université de Copenhague illustre la complexité de la recherche d’un équilibre entre l’alimentation des humains et la lutte contre le changement climatique. Elle s’est attachée à mesurer les émissions de gaz à effet de serre (GES) en Russie, évitées dans l’agriculture dans les années qui ont suivi le passage de l’économie soviétique, planifiée et centralisée, à l’économie de marché. Une diminution due au changement d’habitudes de nourriture dans la population, en raison de la hausse des prix des aliments.

7,6 milliards de tonnes de gaz à effet de serre évitées

L’étude quantifie à 7,6 milliards de tonnes les émissions de GES évitées en 20 ans. La dissolution de l’URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques) dans les années 1990 a entraîné de bouleversements majeurs pour les habitants en matière d’alimentation. Les prix des aliments n’étant plus subventionnés du jour au lendemain. Les conséquences sur l’assiette se sont rapidement fait sentir. Le premier effet en a été un renchérissement conséquent du prix de la viande. Une hausse trop importante pour les ménages qui ont donc réduit drastiquement leur consommation carnée.

La consommation de bœuf est ainsi passée de 32 kilos par personne et par an avant 1990 à 14,3 kilos par personne et par an 10 ans plus tard. Conséquence : l’élevage a fondu. 51 % des troupeaux de bovins et 52 % de porcs ont disparu. Parallèlement, les terres jusque là destinées à la nourriture des animaux se sont retrouvées sans affectation. 62 millions d’hectares se sont trouvés abandonnés, soit quelque 30 % de la terre agricole russe.

Une double origine à la réduction des émissions de GES…

L’étude explique ainsi la double origine de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. D’une part des animaux, et particulièrement des ruminants, sources d’émissions de gaz à effet de serre, étaient beaucoup moins nombreux. Entre 1992 et 2000, les émissions de méthane provenant de la fermentation entérique des ruminants et du fumier ont ainsi diminué de 17%.

D’autre part, l’épandage d’engrais chimiques a considérablement diminué puisqu’une partie des terres a été abandonnée et leurs émissions d’oxydes nitreux (N20) entre autres. Ces terrains délaissés ont permis aux sols de reprendre son rôle de puits de carbone. La repousse des arbres et buissons a fait le reste en stockant du CO2 supplémentaire.

Cependant, après 2000, la stabilisation économique du pays a entraîné une nouvelle hausse de la consommation de viande. Avec une différence notoire : les troupeaux ne sont pas revenus, mais la Russie a importé de la viande d’Amérique Latine, devenant ainsi un acteur de la déforestation en Argentine et au Brésil, ses deux principaux fournisseurs et délocalisant les émissions de GES.

… mais qui ne va peut-être pas durer

Le secteur de l’élevage est passé de 500 000 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre avant 1990 à 280 000 au début des années 2000, pour remonter à 330 000 au début des années 2010. Cependant, ce rebond ne représente que 14 % des 7,6 milliards de tonnes évitées. Mais depuis 2014, le gouvernement russe promeut une politique agricole de reconquête de l’indépendance dans la production de viande et de remise en culture des terres abandonnées. Les émissions de GES nationales dues à l’élevage devraient donc augmenter dans les années à venir.

L’alimentation humaine génère environ un quart des émissions de GES mondiales, selon le GIEC. Les réflexions se multiplient pour améliorer un système très polluant et qui ne peut venir à bout de la famine d’un côté et de l’épidémie d’obésité de l’autre. La solution reste à trouver.

Source : Sciences et Avenir

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