Alors que l’Allemagne a prévu sa sortie du nucléaire et compte à moyen terme sur les énergies renouvelables pour compenser cette production d’électricité abandonnée, elle se heurte à actuellement à un paradoxe, révélé par une étude de la fédération allemande de l’énergie éolienne (BWE) : les opérateurs sont obligés d’arrêter les éoliennes des parcs du nord, alors même que les besoins d’électricité du sud du pays ne sont pas couverts.
En cause, des insuffisances du réseau de transport de l’électricité. Par exemple, lorsqu’une période de grand vent coïncide avec une période de basse consommation dans le nord et l’est (le tissu économique sur place ne peut pas absorber le pic de production), les aérogénérateurs doivent être déconnectés du réseau afin de ne pas surcharger les lignes et d’en garantir la sécurité. Par contre, cette électricité serait précieuse pour le sud du pays, en raison de l’importance de son activité économique (les plus grandes entreprises y sont regroupées).
La BWE a ainsi dénombré en 2009 285 arrêts forcés en 65 jours, et en 2010, 1 085 sur 107 jours. Soit une perte d’électricité en augmentation elle aussi : elle est en effet passée de 50 % à 69 % en 2010 par rapport à l’année précédente. Soit encore 150 millions de kWh perdus, de quoi alimenter 40 000 foyers allemands pendant un an ! Et la fédération prévoit que ce phénomène devrait s’aggraver dans les prochaines années : elle demande donc l’amélioration du mécanisme d’indemnités versées aux propriétaires d’éoliennes.
Les énergies renouvelables assurent actuellement une part de 20 % des besoins allemands en électricité, dont l’éolien représentait en 2010 plus du tiers (36,5 %). Et le développement de l’énergie éolienne constitue un des piliers de la stratégie allemande en matière d’approvisionnement en électricité, d’autant plus depuis la décision d’abandon de la production nucléaire à l’horizon 2022. Les grands parcs éoliens offshore, dont le pays a prévu de s’équiper, se situeront bien entendu aussi dans le nord.
Mais le pays a un besoin urgent de se doter de lignes à haute tension sur de longues distances pour permettre l’acheminement du courant du nord producteur vers le sud demandeur. Cela demande d’importants investissements qui avancent de toute façon trop lentement : en effet, ces chantiers se heurtent à de fortes résistances locales, et les difficultés pour obtenir les permis de construire se multiplient.
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