Il se pourrait bien que l’Allemagne n’atteigne pas la réduction de 40 % de ses émissions de gaz à effet de serre prévue pour 2020. Malgré un tournant spectaculaire vers les énergies renouvelables qui représentent désormais près d’un tiers de sa production électrique, le pays a encore largement recours au charbon pour produire l’électricité dont il a besoin.
Les consommateurs allemands, selon une analyse de France Stratégie, paient la transition énergétique de leur pays au prix fort : le prix de l’électricité a plus que doublé entre 2000 et 2013 pour les petits consommateurs. L’Allemagne est même devenue le pays européen où l’électricité est la plus chère. L’abandon du nucléaire après Fukushima, associé à celui des énergies fossiles, et leur remplacement par des énergies renouvelables constituaient des buts « vertueux » qui ont été rejoints par une réalité différente.
Pour assurer sa sécurité d’approvisionnement, le pays a massivement recours aux centrales à charbon et au lignite (bien que ces dernières soient en diminution). La fermeture de ces centrales fortement émettrice de CO2 aura bien lieu, mais aucun calendrier n’est encore fixé. Les politiques en débattent, et au nom de cette sécurité d’approvisionnement, les citoyens sont partagés. En effet, un peu plus de 40 % de l’électricité produite par l’Allemagne provient des centrales à charbon.
Les énergies renouvelables sont passées quant à elle de 16 % du mix énergétique en 2009 à 29 % récemment. Mais ce développement spectaculaire des énergies intermittentes a fragilisé l’équilibre du système électrique et impose la construction de milliers de kilomètres de lignes à haute tension (les énergies renouvelables sont majoritairement au nord, mais les entreprises qui ont le plus besoin d’électricité sont au sud).
De plus, de nombreux emplois sont en jeu : un minimum de 20 000 personnes sont encore employées dans les mines de lignite de la région rhénane et dans l’est de l’Allemagne. « Pour parvenir à une réduction de CO2 de près de 40 pour cent d’ici 2020, l’Allemagne doit, au cours de la prochaine législature, retirer quelque 20 anciennes houillères du réseau » déclare Patrick Graichen, directeur d’Agora Energiewende, un groupe de travail sur la transition énergétique.
Selon les experts, le pays doit intégralement revoir sa politique énergétique, sinon il manquera se objectifs climatiques. D’autant que, selon un rapport du ministère de l’environnement, révélé par la presse allemande et cité par Le Monde, » le fossé qui sépare le niveau des émissions actuelles à l’objectif est bien plus profond que prévu. Sans correction, la réduction à la date prévue ne sera que de 32,5 %, au pire de 31,7 %. » De 906 millions de tonnes de CO2 émis, la République fédérale devrait passer à 751 millions en 2020. Berlin a déjà annoncé à Bruxelles un chiffre de 35,7 % de réduction au lieu des 40 % prévus, un chiffre que même le ministère juge optimiste.
Sources : France Stratégie, Le Monde, Sfen, Deutschland
Une réponse sur “Allemagne : des objectifs climatiques difficiles à atteindre”