
RTE (Réseau de Transport d’Electricité) a réactualisé ses prévisions concernant la sécurité de l’approvisionnement en électricité pour le mois de janvier 2022 et réhaussé son niveau de vigilance. Il note cependant des conditions météorologiques favorables sur le début du mois a minima, mais une vague de froid au cours du mois de janvier pourrait compliquer la tâche.
Un concours de circonstances défavorables
L’évolution de la situation depuis la première analyse de la sécurité d’alimentation en électricité, qui date de novembre dernier, a en effet nécessité une réévaluation. Différentes circonstances viennent perturber l’équilibre fragile qui était prévu en matière d’approvisionnement en électricité. La première concerne la crise énergétique européenne. Le système électrique français dépend peu des énergies fossiles, mais il est fortement interconnecté avec ses voisins et donc concerné par cette envolée des prix. D’autant plus que la France est habituée à des tarifs traditionnellement bas.
Parallèlement, les éoliennes n’ont pas produit autant qu’espéré au cours des derniers mois. Et, plus grave, de nombreux réacteurs nucléaires sont simultanément indisponibles en raison du retard de maintenance accumulé en raison de la crise sanitaire et des confinements qu’elle a induits. « La disponibilité d’ensemble du parc se situe ainsi, depuis plusieurs semaines, en deçà des minima historiques et notamment de l’année passée, ce qui contribue à l’augmentation des prix de marché », note RTE.
A cela s’ajoute la mise à l’arrêt des quatre réacteurs (sites de Chooz et Civaux) annoncée le 15 décembre à la suite de la détection d’anomalie à proximité des soudures dans le circuit d’injection de secours. Ce qui porte, au 17 décembre, à 17 le nombre de réacteurs à l’arrêt sur les 56 que compte le territoire. Ainsi, depuis le mois de novembre, la France, traditionnellement exportatrice d’électricité, se trouve fréquemment en situation d’import. « La disponibilité prévisionnelle du parc nucléaire français est désormais évaluée par RTE dans une fourchette comprise entre 43 et 51 GW pour la majeure partie de janvier : il s’agit du niveau le plus bas jamais atteint pour le parc nucléaire à cette période de l’année », souligne le gestionnaire du réseau.
Un approvisionnement en électricité peut-être tendu en janvier
L’entreprise se prépare donc à « exploiter le système en situation dégradée ». L’interruption de grands consommateurs industriels et la baisse de la tension sur les réseaux de distribution deviennent probables en cas de vague de froid. Et particulièrement si deux facteurs se combinent : une vague de froid et une situation de très faible production éolienne sur la plaque européenne. En dernier ressort, RTE ferait appel à une coupure ciblée de consommateurs. « Il ne s’agit néanmoins en rien de situations de « blackout » impliquant une perte généralisée de l’alimentation électrique sur le territoire », précise-t-il.
Par ailleurs, le dispositif Ecowatt permet d’informer les consommateurs sur l’approvisionnement en électricité et sur l’état du système, avec notamment deux signaux d’alerte (orange en cas de situation tendue, rouge si des coupures sont inévitables sans actions citoyennes de modération de la demande).
Jean-Marc Jancovici, Président du Shift Project, résume ainsi la situation sur l’approvisionnement en électricité des prochaines semaines : « En bref : c’est un peu tendu. Dans quelques années, avec d’une part moins de nucléaire en Europe (et moins de charbon/gaz potentiellement), d’autre part plus d’usages électrifiés (transport, chauffage), et de troisième part pas beaucoup plus de capacités de stockage à large échelle, ça pourrait être plus que tendu lors des anticyclones hivernaux ».
Sources : RTE, Jean-Marc Jancovici, Actu-Environnement