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Arrêt abandonné des projets de forages pétroliers en Guyane

petrole en GuyaneNicole Brick, alors ministre de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie avait annoncé la suspension des projets de forages pétroliers au large de la Guyane. Cette campagne d’exploration menée par un consortium composé de Shell (45 %), Tullow (27,5 %) et Total (25 %) devait démarrer une fois le projet définitivement accepté. Mais cette décision d’arrêt, une fois la ministre remplacée par Delphine Batho,  a été annulée et les forages de nouveau autorisés à la grande satisfaction des compagnies pétrolières, mais pas des ONG de protection de l’environnement.

Alors que selon le consortium, les réserves du Bassin de Guyane se révéleraient importantes et leur qualité intéressante, et que le gouvernement français se dit conscient de l’enjeu important de ces recherches, le ministère estimait cependant que « la prise en compte des problématiques d’environnement n’est pas satisfaisante (…) et l’inspiration excessivement libérale du code minier inadapté et obsolète prive le pays et ses collectivités des ressources significatives qu’ils sont en droit d’en attendre. »  S’il ne comptait pas remettre en cause la recherche sur le gisement guyanais, il jugeait cependant nécessaire une réforme en profondeur du code minier « en particulier pour restaurer la souveraineté nationale en matière d’exploitation de ses propres ressources et mieux protéger l’environnement. (…) Il veillera également à ce que les retombées économiques soient justement définies au bénéfice de la population et des collectivités guyanaises. »

Nicole Bricq déclarait de plus : « On est très attachés à la protection de la faune marine et de l’environnement et nous n’avons aucune garantie quant à ça. » Elle souhaitait par ailleurs rapprocher le droit minier et le droit de l’environnement.

Un porte-parole de Shell-France avait alors exprimé à l’AFP l’étonnement de la société à cette décision, alors que la campagne d’exploration n’attendait plus que les dernières autorisations pour démarrer :

C’est vraiment très surprenant si l’on considère le soutien qu’il y a eu à ce projet au niveau régional en Guyane, et compte tenu de l’opportunité majeure que cela représente pour la France et pour la Guyane française en particulier. (…) Nous ne voyons pas, nous, comment la révision du code minier peut interférer avec ce projet, pour nous tout était sur les rails, nous attendions juste les prescriptions techniques en complément de l’arrêté du 22 mai qui nous autorisait à faire les forages». Ce n’est pas un projet qui date d’hier, cela fait des mois qu’il y a eu des engagements, des réunions et des consultations publiques, et tout ce qui a été fait va au-delà des exigences réglementaires.

Les Amis de la Terre estimaient par contre leur satisfaction devant « cette décision encourageante mais qui devra nécessairement se concrétiser dans le cadre de la refonte à venir du Code minier annoncé aujourd’hui par Madame Bricq et Monsieur Montebourg. » Ils rappellaient que les quatre forages à grande profondeur à 150 km des côtes de Guyane et l’utilisation de la technique dite des boues à huile représentaient un « risque majeur d’atteinte à l’environnement et au cadre de vie des populations côtières. » Romain Porcheron, chargé de mission aux Amis de la Terre soulignait :

Au-delà des techniques d’extraction, l’enjeu majeur du débat sur la refonte du Code minier sera de savoir si nous acceptons de laisser les hydrocarbures fossiles dans le sol. La transition énergétique vers des sociétés soutenables ne peut passer que par là.

Mais, dans la semaine suivante, un revirement soudain est intervenu et, selon l’AFP, « deux arrêtés dont l’un autorisant des travaux de forages pétroliers au large de la Guyane, particulièrement controversés en raison des protestations des écologistes, ont été signés mercredi [20 juin], a annoncé vendredi [22 juin] la préfecture de Guyane. » FNE y note  « un mauvais signal en ce qui concerne la prise en compte des enjeux environnementaux » et son président Bruno Genty ajoute :

Tout en souhaitant bonne chance à Delphine Batho dans la conduite de ce ministère, nous espérons que ce remaniement n’augure pas un enterrement en grandes pompes de la refonte du code minier et, au-delà, que ce ne soit pas le signe d’un manque de volonté politique pour défendre l’écologie et l’intérêt public contre des intérêts privés portés par des lobbys de pollueurs notables.

Sources : Enerzine, 20 Minutes, Les Amis de la Terre, France 24 (AFP), FNE

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