Paris, Lille, Nantes, Grenoble et Clermont-Ferrand se lancent dans la bataille contre les pesticides, initiée par le maire de la petite commune de Langouët (Ille et Vilaine). Elles viennent d’interdire par arrêté l’utilisation de produits phytosanitaires chimiques sur la totalité de leur territoire, au nom du « principe de précaution ». Une mesure symbolique, mais destinée à relayer l’opposition à des distances d’épandage trop faibles proposées par le gouvernement et à soutenir les communes rurales plus confrontées à ce problème.
Un premier arrêté anti-pesticides invalidé
Cette annonce fait suite à l’arrêté anti-pesticides pris par le maire de Langouët et invalidé par le tribunal administratif, sur un recours du préfet. Cet arrêté interdisait l’utilisation des pesticides chimiques à moins de 150 mètres des habitations. Le maire de cette petite commune a été suivi par une cinquantaine d’autres.
La ministre de la transition écologique a taxé de « coup de com’ » la décision de ces grandes villes, arguant que les pesticides chimiques sont interdits en ville, dans les espaces verts ouverts au public, depuis 2017. Cette mesure a d’ailleurs été étendue en 2019 aux particuliers et aux jardiniers amateurs.
Le principe de précaution invoqué
Mais, remarquent les maires, « il y des trous dans la raquette » : en effet, « Si des copropriétaires font appel à une entreprise privée pour entretenir leur jardin, celle-ci n’est pas concernée. On va donc y ajouter des espaces non concernés pour l’instant par l’interdiction », précise Mme Rolland, maire de Nantes. « En outre, les villes ont toutes, sur leurs territoires, d’anciennes parcelles de la SNCF ou d’entreprises, qui ne sont pas tenues par ces restrictions ».
Dans leur communiqué, les municipalités précisent que « Les différents acteurs concernés seront sensibilisés à ce sujet par le biais d’une information large que nos Villes diffuseront et rappelant les alternatives existantes aux pesticides pour l’entretien des espaces verts ». Elles insistent sur le fait qu’elles prennent leur décision sur la base du « principe de précaution », au nom de « la volonté politique et la responsabilité de protéger la santé de nos habitants ».
Une action symbolique
Les communes engagées dans cette lutte contre les pesticides ont parfaitement conscience qu’il ne s’agit que d’une action symbolique. Mais elle a pour but d’amplifier le débat sur la proposition du gouvernement de fixer à 5 à 10 mètres la distance minimale entre les habitations et les zones d’épandage. Ce projet est actuellement soumis, et jusqu’au 1er octobre, à une consultation publique.
Les maires des communes prenant ces arrêtés anti-pesticides s’exposent, comme le maire de Langouët, à des recours des préfets devant la justice administrative. Mais ils comptent en jouer : ils appellent leurs collègues à multiplier les arrêtés anti-pesticides et à « submerger » la consultation publique lancée par le gouvernement. Celle-ci a d’ailleurs déjà recueilli à ce jour plus de 20 200 commentaires.
« Notre première idée était de manifester notre solidarité avec les maires ruraux, puis nous nous sommes dit que nous serions plus efficaces ensemble pour faire modifier la loi », témoigne Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand. « Ouvrir le débat, changer de paradigme, c’est ce qui m’anime. »
Sources : GoodPlanet, Francetvinfo, Le Monde, Consultations Publiques