L’Assemblée Nationale se modernise avec l’arrivée des nouveaux députés en juin dernier : désormais les tablettes numériques remplacent les épaisses liasses de papier, omniprésentes jusque-là dans l’hémicycle. L’objectif de cet équipement ? Des économies financières et la lutte contre le gaspillage. Cette décision a été prise après une expérimentation de dématérialisation menée en commissions.
Des séances gourmandes en papier
Selon les déclarations de Laurianne Rossi, questeure de l’Assemblée et membre de la commission du Développement durable, beaucoup de parlementaires fraîchement arrivés après les élections de l’année dernière se sont en effet émus de la quantité de papier en circulation dans l’hémicycle, où tout était systématiquement imprimé. Cela le rendait particulièrement « papivore » : il utilisait chaque année 52 000 ramettes de papier, même si ce chiffre a été déjà quasiment divisé par deux depuis 2008 et la législature précédente, avec la dématérialisation de certains travaux.
Cette fois, ce sont tous les travaux qui sont concernés : l’examen des textes en séance se fera dorénavant sur tablette. « Une décision attendue » estima Mme Rossi, qui reconnaît cependant qu’il y aura « toujours des députés un peu moins connectés qui devront s’adapter. »
Des tablettes distribuées
Depuis une semaine, chaque député peut donc récupérer une tablette numérique à son nom. 368 sur les 577 que compte l’Assemblée en ont fait la demande, certains préférant utiliser leur propre équipement. Des tablettes « de secours » ont été prévues pour les étourdis qui l’oublient ou les négligents qui ne la rechargent pas. L’économie devrait atteindre 55 000 € par an (sur un budget total de 517 millions d’euros). Le coût des tablettes représente 30 000 €, la questure tablant sur un amortissement sur quatre ans.
Ça fonctionne, malgré quelques réticences
Après quelques flottements, cela fonctionne bien en commission, mais les tablettes ont encore été peu sollicitées en séance, en raison d’un ordre du jour peu fourni. Quelques réserves se font néanmoins entendre par certains, qui avancent des arguments d’ordre pratique : les liasses de papier permettent « de travailler directement sur un amendement pour le modifier ou le défendre » selon l’un. Ou d’ordre environnemental et financier : « avec les dépenses d’énergie que suscitera l’utilisation des tablettes, on peut douter des gains en termes environnementaux et même financiers » selon un autre.
Un autre, réticent au début, s’est montré un plus positif après quelques heures de pratique, même s’il regrette que les tablettes soient transportables, et non pas fixées au pupitre comme cela avait été envisagé, et surtout… bridées. En effet pas moyen de jouer avec sa tablette quand on s’ennuie en séance : elles ne permettent que la consultation des amendements sur une application dédiée (Eliasse), et des sites de l’Assemblée, Légifrance ou le Conseil Constitutionnel.
Source : AFP