Dans sa lettre bimensuelle n°8 (janvier et février 2012, le Médiateur national de l’énergie, Denis Merville, estime inéluctable l’augmentation des prix de l’énergie « et ce dans ses trois composantes : la fourniture, l’acheminement et les taxes » , partageant en cela l’avis des experts du secteur.
En ce qui concerne l’électricité, les hausses des tarifs réglementés, supérieures à l’inflation comme c’est le cas depuis 2008, devraient se confirmer dans les années à venir :
L’augmentation continue de la demande énergétique, le vieillissement du parc de production français et le retard pris dans le renforcement des réseaux nécessiteront, quel que soit le scénario d’évolution du mix énergétique, des investissements importants tant dans les réseaux que dans les moyens de production. Le coût de ces investissements se retrouvera immanquablement dans les factures.
Il rappelle que l’Union Française de l’Electricité évalue cette hausse entre 33 % et 50 % hors inflation d’ici 2030. A propos de CSPE (Contribution aux charges de service public de l’électricité), charge croissante payée par tous les consommateurs via leur facture, il rappelle les estimations suivantes pour l’année en cours :
Selon la Commission de régulation de l’énergie, les charges estimées pour 2012 devraient représenter en moyenne sur la facture annuelle d’un consommateur (5 MWh) : 19 € TTC pour la péréquation tarifaire dans les zones insulaires, 24 € de subvention pour l’électricité photovoltaïque, 22 € pour les autres énergies renouvelables et la cogénération, 1,5 € pour le tarif social de l’électricité et 10 centimes pour le budget du médiateur national de l’énergie. Ces valeurs doivent être multipliées par deux environ pour un consommateur qui se chauffe à l’électricité.
Le médiateur estime nécessaire de définir des modalités d’évolution des prix qui n’aggravent pas la précarité énergétique et met l’accent sur le « mieux et moins consommer ».
Le gaz, quant à lui, a déjà augmenté de 25 % en deux ans, et de plus de 60 % depuis 2005. Le cadre d’évolution des tarifs réglementés, avec ses formules de calcul changeantes et pas toujours appliquée, et sa périodicité trimestrielle peu pertinente, suscite une « inquiétude légitime des consommateurs » et « des critiques récurrentes sur leur bien-fondé« . Il préconise plutôt de limiter à une évolution annuelle des tarifs, qui selon lui, « limiterait les contestations sur la répartition des consommations aux différents prix applicables« . Elle permettrait aussi d’anticiper des mesures d’accompagnement des foyers en difficulté pour faire face à ces dépenses supplémentaires.
Le médiateur rappelle d’autre part quelques chiffres-clés en ce qui concerne les dépenses énergétiques moyennes des ménages français. 2900 €, c’est le budget énergie annuel moyen d’un ménage français en 2010, qui se répartit de la manière suivante : 1600 € pour l’énergie domestique ; 1300 € pour les carburants. 32%, c’est le pourcentage d’augmentation du budget moyen consacré à l’électricité et au chauffage, selon une enquête de l’Institut national de la consommation, sur 10 ans (2000-2010).