Une première enquête nationale sur l’autopartage avait été réalisée en 2012. Dans l’objectif double de mettre à jour les résultats de la première édition et d’affiner la compréhension des usagers, usages et impacts de l’autopartage, le bureau de recherche 6-t a mené une nouvelle étude en 2016 auprès de plus de 2000 usagers de l’autopartage en boucle, mais aussi de suivi sur près de 300 personnes ayant répondu à la première enquête et auprès de 158 gestionnaires de flottes de véhicules. Cette nouvelle enquête montre une diversité de parcours des usagers de l’autopartage, mais un profil type encore très homogène.
L’enquête distingue trois formes d’autopartage : l’autopartage « en boucle » – objet principal de l’étude – qui consiste à rendre le véhicule à la station de départ ; l’autopartage « en trace directe » avec station (véhicule rendu dans une autre station) ou sans station (pris et rendu n’importe où) ; et l’autopartage entre particuliers, par le biais d’opérateurs qui s’occupent de la facturation et de l’assurance. Les trois sont toutefois réservées aux habitants des villes.
Le profil des usagers de l’autopartage se répartit en 4 parcours et détermine 4 groupes :
- l’autopartage comme cause de démotorisation : couplé aux autres modes alternatifs, il permet à l’usager d’apprendre progressivement à se passer de sa voiture personnelle ;
- l’autopartage comme conséquence de la démotorisation : il constitue un choix consécutif à la décision de se passer de sa voiture ;
(Ces deux groupes représentent une majorité des usagers : 54 %, et démontre que l’effet « démotorisation » lié à l’autopartage reste important ; en effet, il engendre en 2016 la même diminution de l’équipement automobile qu’en 2012.)
- l’autopartage comme alternative à la motorisation : il est choisi dans ce cas comme alternative à l’achat d’une (première) voiture personnelle (cela représente 21 % des usagers) ;
- l’autopartage comme moyen d’accès à l’automobilité (22 % des usagers) : il permet à l’usager de réaliser des activités difficilement accessibles sans voiture.
L’autopartage est-il toutefois déclencheur de multimodalité à long terme ? Ce n’est pas si évident : pour une très grande majorité des usagers (81 %), l’étude ne note pas d’évolution notable des pratiques de déplacement. Mais 10 % adoptent plutôt un profil « vélo » accompagné d’une baisse de l’usage des transports en commun, et 9 % se transforment en « ex-automobilistes devenus multimodaux » – situation marquée par une forte baisse de la voiture au profit des autres modes (vélo, marche à pied, transports en commun).
Si l’étude relève des parcours et des évolutions remarquables, elle constate cependant que le profil des usagers de l’autopartage reste encore très homogène. En 2016, 73 % sont titulaires d’un bac+3 ou plus (contre 71 % en 2012), 57 % sont des cadres de profession intellectuelle supérieure, 54 % sont des hommes (contre 53 % en 2012), ils ont en moyenne 45 ans (contre 42 précédemment) et des revenus mensuels moyens de 3 691 € (3 375 € auparavant).
Enfin, l’étude dégage différents facteurs de succès pour un système d’autopartage :
- l’implantation de stations là où les alternatives à la voiture sont nombreuses ;
- la création d’un réseau de stations dense ;
- la proposition de véhicules diversifiés à moteur thermique ou hybride ;
- la facilité d’accès au service ;
- la promotion de l’autopartage auprès des entreprises et des collectivités.