Les véhicules électriques peinent à démarrer, si l’on peut se permettre ce jeu de mots, tant par le prix des batteries, trop élevé, que par leur autonomie limitée. D’autant plus que celle-ci diminue au fur et à mesure où les batteries vieillissent : elles doivent être changées lorsqu’elles n’ont plus que 80 % de leur capacité de stockage. Oui, mais elles ont encore 80 % de leur capacité de stockage… Alors qu’en faire ? Un rapport de la Mission pour la Science et la Technologie de l’Ambassade de France à Washington étudie les enjeux et la faisabilité de la réutilisation de ces dernières pour des applications stationnaires et montre que si plusieurs projets de recherche américains s’y intéressent, le succès de cette idée n’est cependant pas garanti.
En raison du coût de leurs batteries très élevé, les voitures électriques ne représentent actuellement pas une alternative économiquement rentable. Les batteries ne sont pas encore assez performantes, ce qui entraîne des besoins en infrastructures de recharge importants. Ceci, ajouté aux appréhensions des utilisateurs de tomber en panne sèche, représente une barrière importante à l’adoption de ce mode de déplacement. Ainsi, lors du plan de relance américain de 2009, les deux tiers des aides directes au développement des véhicules électriques étaient attribués à des projets sur les batteries.
Le stockage énergétique stationnaire
Une possibilité de réutilisation résiderait dans des applications de stockage énergétique stationnaire. Celui-ci se définit par l’ensemble des moyens permettant de stocker de l’énergie à un endroit donné pour la récupérer sous forme d’électricité. Encore en développement, il se différencie du stockage énergétique embarqué, nécessaire à la bonne marche des véhicules électriques. En effet, que sera le parc des batteries en fin de vie dans 20 ans ? Si le parc des véhicules électriques représente une part non négligeable du marché américain en 2020, 10 ans plus tard, cela fera beaucoup de batteries en fin de vie, ce qui équivaudra à plusieurs GWh de stockage encore utilisables disponibles chaque année : l’étude calcule que pour 10 GWh de batteries produites en 2020, 6 GWh est un « chiffre plausible« , en comptant 20 % de capacité en moins et 25 % des batteries indisponibles parce que non-collectées ou non réutilisables. Donc, « il paraît intéressant d’utiliser les batteries Li-ion pour participer au soutien du réseau grâce leur rapidité de réactivité et à la rémunération attractive de ces services » .
D’autant que les batteries assurant le réglage du réseau électrique peuvent être placées à n’importe quel niveau : « Plusieurs projets de stockage distribué envisagent d’ailleurs de faire du soutien au réseau et en particulier du réglage de fréquence » . Cependant le concept de stockage distribué reste encore à définir et sa rentabilité incertaine. Il peut s’agir d’un stockage commercial ou résidentiel, à l’échelle d’un commerce ou d’une maison, piloté localement, ou d’un stockage communautaire, à l’échelle d’un groupe de bâtiments et piloté à distance par le gestionnaire de réseau.
Si le concept de vehicle to grid (V2G) se développe, donner une seconde vie aux batteries deviendra possible. Le V2G envisage d’utiliser les batteries électriques pour le soutien du réseau dès leur première vie (voir à ce sujet notre article du 11/8/2010). Les clients naturels des batteries Li-ion d’occasion seront alors les compagnies d’électricité, mais:
L’apposition d’un label par un tiers, une garantie, un prix très compétitif ou plus probablement ces trois éléments réunis seront des arguments de vente nécessaires pour que les batteries de véhicules électriques usagées remplissent le cahier des charges de ces industriels.
Mais une autre condition s’ajoute aux précédentes : pour qu’une reconversion des batteries puissent exister, il faut que le marché soit rentable et que des entreprises puissent vivre de ce commerce. Et, selon l’étude, ce n’est pas aussi évident.
Sources : Bulletins Electroniques, Etude : Batteries de véhicule électrique : en route pour une seconde vie stationnaire ?