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Batteries de voitures électriques : qu’en faire une fois fatiguées ? (2)

batteries recyclabes ?Récupérer les batteries Li-ion pour leur donner une seconde vie, dans le stockage stationnaire par exemple,  semble possible : nous l’avons vu dans l’article précédent. Mais les entreprises, américaines dans l’étude, sont elles prêtes à se lancer dans ce marché ? Rencontreront-elles un environnement favorable à ce développement ? D’autant plus qu’il faudrait que, outre un prix bas, ces batteries d’occasion soient certifiées, voire qu’elles disposent d’un label.

Une affaire rentable ?

Et ceci n’est peut-être pas pour un futur proche. D’ailleurs, d’une manière globale, l’étude envisage l’environnement de l’entreprise vendant des batteries d’occasion assez difficile dans les 10 premières années (2020-2030) pour plusieurs raisons :

  • Même s’il y a des barrières à l’entrée du marché du stockage stationnaire (risque élevé, activité nouvelle), c’est un secteur d’avenir et stratégique, de surcroît souvent soutenu par l’état comme c’est le cas États-Unis. Beaucoup de sociétés peuvent être tentées par l’aventure dans ce secteur attractif.
  • Bien que les batteries seront a priori disponibles en grand nombre, rassembler de grandes quantités, les tester et les reconditionner demandera des efforts logistiques et financiers.
  • Les compagnies d’électricité sont habituées à investir dans la qualité et dans des équipements de longue durée. De plus, le secteur électrique est concentré (même aux États-Unis) : le pouvoir de négociation des clients sera donc fort.
  • Enfin, l’environnement est très concurrentiel, au niveau des autres formes de stockage et au niveau des substituts (demand response et moyens de production dispatchables).

Autrement dit, beaucoup de contraintes extérieures pour une entreprise se lançant dans la vente de batteries Li-ion d’occasion qui aura donc du mal à dégager des bénéfices. Il existe cependant des possibilités d’alléger leurs effets :

Certains modèles d’affaire pourraient atténuer les difficultés, comme par exemple des acteurs intégrés (pas de coûts pour obtenir les batteries usagées, moins ou pas du tout de relations fournisseur et de relations clients), la réutilisation des batteries près des points de collecte, opérer de petites unités de stockage (réduction des coûts de reconditionnement et d’assemblage), etc.

Des recherches en cours

Il y a actuellement trois principaux projets de recherches sur ces sujets (dont deux sont en train de fusionner). Les uns travaillent sur un processus pour tester les batteries et déterminer les performances de batteries de trois technologies différentes, après 2 à 5 ans d’utilisation réelle, alors que d’autres mènent une réflexion sur  les aspects économiques du marché d’occasion des batteries :

Avec un système où les batteries sont louées aux conducteurs pendant la « première vie », les frais de location pourraient être réduits d’environ 30% grâce à la valorisation des batteries après leur vie automobile.

La « première vie » d’une batterie représente, selon les garanties sur les quelles s’engagent les constructeurs automobiles, dure de 8 à 10 ans (8 ans ou 100 000 miles – soit plus de 160 000 kilomètres). Mais toutes les batteries ne sont pas forcément réutilisables. Les compagnies d’électricité américaines semblent actuellement peu enthousiastes tant il est difficile d’établir  un modèle d’affaire rentable. D’autre part, les hypothèses sur les différences de prix (sur une projection en 2019) entre les packs prêts à fonctionner n’emportent pas obligatoirement la décision : 6 250 $ si la batterie est « de seconde main » contre  9 250 $ pour un pack neuf, dont la capacité énergétique et la durée sont meilleures et plus fiables.

Trois domaines concernés

En conclusion, l’étude montre que ce sujet est à la croisée de trois domaines : le transport individuel, la gestion des déchets et la gestion du système électrique :

D’une part, cette multiplicité des acteurs complexifie les scénarios de réutilisation des batteries. D’autre part il semble peu probable que les acteurs concernés se coordonnent seuls si les bénéfices anticipés sont faibles. En l’occurrence, aucun modèle d’affaire évident n’est apparu lors des discussions avec les différents interlocuteurs américains rencontrés. (…) Enfin, plusieurs options paraissent intéressantes dans l’éventualité d’une seconde vie embarquée : les véhicules qui ne parcourent que des petites distances ou le marché des deux-roues en sont des exemples.

Sources : Bulletins Electroniques, Etude : Batteries de véhicule électrique : en route pour une seconde vie stationnaire ?

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