Lors du Sommet de l’Elevage de Cournon d’Auvergne (Puy de Dôme), la filière bovine a présenté un plan d’actions visant à réduire de 15 % l’empreinte carbone de la viande dans les 10 ans à venir. Ce projet, baptisé Beef Carbon, piloté conjointement par l’Institut de l’Elevage, Interbev (l’interprofessionnelle nationale du bétail et de la viande) et des chambres d’agriculture se décline en 6 actions. Les éleveurs bovins suivent les éleveurs laitiers qui avaient déjà mis en place en 2013 une initiative similaire : le Carbon Dairy, un programme de recherche visant à réduire de 20 % d’ici à 10 ans l’empreinte carbone du lait.
Beef Carbon doit débuter dès janvier 2016 par une mutualisation européenne autour d’une démarche plan carbone avec les partenaires français, irlandais et italiens selon une méthodologie commune (Action 1). Les émissions en gaz à effet de serre de plus de 2 000 fermes (1 700 en France, le reste en Irlande et en Italie) seront évaluées avec l’outil Cap2er, un outil de mesures que les éleveurs volontaires utiliseront en renseignant un certain nombre de capteurs de gestion de leurs exploitations (gestion du troupeau, alimentation, consommation de fioul et d’azote, gestion des effluents, taille des surfaces fourragères…). Il s’agit là de la deuxième action : cet échantillon fera l’objet d’une analyse statistique complète permettant de déterminer le niveau d’efficience environnementale des élevages, de mettre en relation les résultats environnementaux avec les indicateurs de pratiques et d’apprécier le lien entre efficience technique et environnementale.
Parmi ces exploitations, 170 fermes-pilotes (dont 125 en France) seront conseillées par des techniciens qui proposeront aux éleveurs un plan d’actions, afin de réduire de manière durable leur empreinte environnementale, et les suivront pendant 5 ans afin de l’adapter (Action 3). La quatrième action sera la constitution et l’animation d’un réseau social des éleveurs Beef Carbon, avec deux axes de travail : les rencontres physiques d’une région à une autre ou d’un pays à un autre et un espace web.
Une feuille de route climatique de la production bovine sera élaborée (Action 5), afin de synthétiser et de formaliser toutes les connaissances acquises au travers d’une démarche « bas carbone », et de définir la stratégie nationale de communication et les partenariats à construire pour le déploiement d’un plan carbone à l’ensemble des acteurs de l’amont. Enfin, l’ensemble des partenaires assurera une action de communication et de diffusion, entre autres par la mise en place d’événements régionaux et nationaux.
« Certes, il y a des technologies qui seront mises en place pour limiter les gaz à effet de serre des exploitations d’ici 5, 10 ou 30 ans mais il est important de sensibiliser dès maintenant un certain nombre d’éleveurs à cette problématique » a expliqué Jean-Baptiste Dollé, responsable du service environnemental de l’Institut de l’Elevage. En parallèle, les éleveurs se mobilisent pour que leurs prairies soient aussi intégrées dans leurs bilans carbone car, révélait-il il y a quelques mois dans un entretien avec l’AFP, « lorsqu’on intègre le carbone stocké dans les prairies, on compense quasiment l’intégralité des émissions de méthane. »