L’aventure a commencé en 2005 : parties de la constatation des impacts de la culture du coton, grand consommateur d’eau et de pesticides, plusieurs associations, dont WWF et Solidaridad, se sont réunies, bientôt rejointes par des grandes marques utilisatrices de coton (Levi-Strauss, Ikea…), puis par des associations d’agriculteurs et par des intermédiaires. Cette réunion de tous les acteurs d’une filière, du plus petit producteur aux multinationales fabricantes, a permis l’élaboration d’un système « Better Cotton » et la naissance d’une nouvelle ONG en 2009 : Better Cotton Initiative (BCII), basée en Suisse.
Ce système s’articule autour de plusieurs composants : des principes et critères de production, l’appui aux producteurs, l’évaluation des exploitations agricoles, la filière connectant l’offre et la demande, les mécanismes de suivi, d’évaluation et d’apprentissage, les outils, guides et forums d’apprentissage pour faciliter l’échange des meilleures pratiques et connaissances. Six critères de production, certes moins stricts que ceux de l’agriculture biologique ou du commerce équitable, ont pu être définis pour garantir un « meilleur coton », plus respectueux du développement durable :
- Le Better Cotton est cultivé par des producteurs qui minimisent l’impact nocif des pratiques de protection des cultures
- Le Better Cotton est cultivé par des producteurs qui utilisent l’eau de manière efficace et qui prennent soin de la disponibilité de l’eau
- Le Better Cotton est cultivé par des producteurs qui prennent soin de la santé des sols
- Le Better Cotton est cultivé par des producteurs qui conservent les habitats naturels
- Le Better Cotton est cultivé par des producteurs qui prennent soin de la qualité du coton-fibre et cherchent à le préserver
- Le Better Cotton est cultivé par des producteurs qui promeuvent le Travail Décent.
La BCI permet aux producteurs de s’organiser de manière efficace, afin d’améliorer leur condition économique. Les premiers projets, en Inde, au Pakistan, au Brésil et au Mali se sont inspirés d’un projet réalisé par WWF au Punjab. Il faut normalement 20 000 litres d’eau pour produire un kilo de coton : grâce à de nouvelles techniques d’irrigation, cette consommation a été réduite de 40 % et les quantités de pesticides ont été limitées.
Ces actions vont donner leurs premiers fruits en 2012, puisque la BCI compte sur une récolte de 300 000 tonnes de coton économes en eau et en pesticides, cultivés par 100 000 paysans de plus de 18 ans, dans des conditions respectant les principes de l’organisation internationale du travail (liberté d’association, élimination du travail forcé et du travail des enfants, absence de discrimination). L’ONG espère que de plus en plus de cultivateurs adopteront cette démarche, et souhaite atteindre une production d’un million de tonnes de better cotton en 2015.
A noter tout de même que la culture du coton génétiquement modifié est tolérée dans ce programme, l’ONG se contentant d’informer les producteurs sur leurs choix, tout en restant neutre sur cette technologie. D’autre part, si elle assure une partie des débouchés à ce coton, auprès de grandes entreprises soucieuses d’améliorer leur image de marque qui se sont engagées à ses côtés (Nike, H & M et bien d’autres), elle ne s’implique pas non plus dans le calcul des prix, qui restent dans « un marché ouvert ». Les toutes premières récoltes (Inde et Pakistan) sont attendues dès 2011, elles seront suivies par celles du Brésil et du Mali. Les premières balles estampillées Better Cotton devraient donc apparaître très rapidement après sur le marché.