La quatrième édition du bilan financier sur les 25 premiers énergéticiens européens, établi par Watt’s Next est paru en septembre. Croissance, marge, dettes, investissements, etc., le rapport met en lumière les tendances du secteur européens de l’énergie. L’exercice 2017 est un bon cru pour les énergéticiens européens puisque le contexte plutôt favorable (en particulier l’augmentation des prix de gros) a tiré leur croissance (+ 2,3 %).
2017 : une bonne année pour les énergéticiens
Le rapport compare et classe les résultats des 25 plus gros énergéticiens européens pour l’année 2017, mais ne tient pas compte de ceux qui réalisent la majeure partie de leur activité dans les produits pétroliers (ENI, Total par exemple). La France est donc représentée par ses deux énergéticiens « historiques », EDF et Engie.
La première remarque du rapport consiste en une explosion – exceptionnelle – des profits pour le secteur, avec une croissance de +2,3 % en moyenne et des dividendes versés de 14 milliards d’euros. Il s’agit là d’un marché bien plus porteur en 2017 qu’en 2016. En effet, la consommation a augmenté, tirée, selon le rapport, par les vagues de froid et surtout les prix de gros de l’électricité qui ont bondi : + 32 % en Espagne, + 26 % en Italie, + 22 % en France et + 18 % en Allemagne, par exemple.
Mais une concurrence de plus en plus rude
Cette hausse s’explique par l’augmentation de la demande, mais aussi par celle du prix du CO2 et par des tensions en matière de production. Notamment en France, avec une moindre disponibilité du parc nucléaire, et en Espagne et au Portugal, en raison d’une sécheresse sévère, qui a limité la production hydraulique.
Ces 25 énergéticiens en ont profité, mais en partie seulement : la concurrence se fait de plus en plus rude sur le secteur avec l’arrivée de nouveaux entrants (start-up, pétro-gaziers, grande distribution, etc.). « Par exemple, en un an, les Big Six (Centrica, EDF, E.ON, Iberdrola, RWE et SSE) ont perdu 7 points de part de marché dans l’électricité et 4 dans le gaz naturel au Royaume-Uni. » Ainsi, rien qu’en France, EDF et Engie ont dû faire face à 10 nouveaux arrivés pour l’électricité et 14 pour la gaz, juste pour l’année 2017.
Cependant, la consommation d’électricité a augmenté de 0,6 %, celle du gaz naturel de 4 %, tandis que les prix de l’électricité s’envolaient avec 19 % de hausse sur l’année 2017.
EDF perd sa première place
Enel, le groupe italien prend cette année le leadership européen, devançant d’une courte tête le groupe allemand Uniper, et renvoyant EDF, leader l’an dernier, à la troisième place. Baisse des parts du marché, moindre production nucléaire, etc., l’opérateur français a vu son chiffres d’affaires reculer de 7 % en 2 ans, et passer sous le seuil symbolique des 70 milliards d’euros.
La quatrième place du classement est tenue par Engie. Ces quatre groupes génèrent pour chacun un chiffre d’affaires supérieur à 60 millions d’euros. « Les dynamiques ont été très contrastées. Les opérateurs européens ont tous globalement profité d’un effet prix positif avec la remontée des prix de gros de l’électricité. Mais certains ont vu cet effet prix positif minoré par la baisse de leur part de marché. »
Des profits records en 2017
Les 25 énergéticiens ont réalisé en 2017 une année record pour les profits, avec un résultat net part du groupe cumulé de près de 30 milliards d’euros, un record depuis le début de la décennie 2010. Ils s’expliquent par trois facteurs principaux :
- « de moindres dépréciations d’actifs. Les pertes de valeur cumulées des 25 énergéticiens se sont élevées à 7,4 milliards d’euros en 2017 (environ trois fois moins qu’en 2016). L’assainissement des bilans touche à sa fin avec la remontée des prix de gros, les cessions d’actifs et les dépréciations déjà comptabilisées ;
- la baisse des frais financiers résultant du processus de désendettement du secteur ;
- le remboursement de la taxe sur le combustible nucléaire en Allemagne. Instaurée en 2011, cette taxe a été jugée illégale par la Cour Constitutionnelle allemande. EnBW, E.ON, RWE et Vattenfall ont été remboursés à hauteur de 6,3 milliards d’euros au cours de l’exercice. »
Au total, 21 groupes ont réalisé des profits en 2017.
EDF, le plus gros investisseur
En ce qui concerne les investissements, ils enregistrent une tendance au repli qui se poursuit. EDF est le plus gros investisseur. Il représente à lui seul près du quart des investissements des 25 énergéticiens. « Son choix du nucléaire lui impose de lourds investissements pour la maintenance de son parc (le grand carénage en France) et pour la construction des EPR en cours. Le déploiement de Linky, le développement des énergies renouvelables ou encore les réseaux consomment également des investissements importants. »
Pour les deux gros investisseurs suivants, Enel et Iberdrola, ce sont les réseaux et les énergies renouvelables qui absorbent la majorité des investissements.
En conclusion, le rapport note que « L’exercice 2017 est un bon cru pour les énergéticiens européens. Le contexte plutôt favorable (en particulier l’augmentation des prix de gros) a tiré leur croissance. Le chiffre d’affaires des 25 énergéticiens de notre baromètre a ainsi progressé de 2,3 %, une vraie bonne nouvelle après la chute de 8,1 % enregistrée un an auparavant. »
Source : Watt’s Next Conseil