Observ’ER nous présente un bilan de la filière éolienne, qui la montre très en retard sur ses objectifs. Et cela risque de ne pas aller en s’arrangeant : rappelons que malgré les résultats du dernier appel d’offres pour des installations éoliennes terrestres sur les côtes des territoires d’outre-mer et de la Corse, rien ne peut évoluer, tant que les réglementations qui se contredisent actuellement n’auront pas changé (voir notre article du 29/02).
Le rapport nous donne d’abord quelques chiffres-clés. Ainsi 6 253 MW de capacité d’énergies éoliennes étaient installés fin juin 2011 – la production s’établissait quant à elle à 9 988 GWh en 2010. Un chiffre de capacité à comparer aux objectifs 2012 et 2020 : en effet pour la fin 2012, l’objectif de puissance s’élève à 11 500 MW, dont 1 000 MW en mer. Autrement dit, pour l’atteindre, la capacité devrait pratiquement doubler entre juillet 2011 et fin décembre 2012, ce qui est d’ores et déjà impossible. Pour 2020, l’objectif initial s’élevait à 25 000 MW, dont 6 000 MW en mer… Bien que les chiffres de puissance installée aient été meilleurs en 2010 que ceux de l’année précédente, « le constat pour la filière n’est pas pour autant optimiste quant au respect des objectifs 2012 et 2020. » La filière éolienne représentait d’autre part 9 520 emplois fin 2010, et son chiffre d’affaires s’élevait à 2,9 milliards d’euros en 2009.
Obsev’ER qualifie l’année 2011 comme « l’année de la panne de croissance » dans le secteur éolien, alors que son développement avait suivi jusque là une progression régulière, bien qu’assez faible ( autour de 5 % par an). Les résultats du premier semestre 2011 accusaient un recul de 27 % par rapport au premier semestre de l’année précédente. Le rapport table sur une puissance installée totale de 6 600 à 6 800 MW à la fin de l’année, avec pour objectif, de limiter le retard plutôt que de chercher à atteindre le seuil prévu pour 2012.
En ce qui concerne l’éolien, toutes les régions ne sont pas égales : celles du sud (PACA, Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes) disposent de meilleurs potentiels de vent, mais présentent moins de sites aménageables (contraintes environnementales et zones montagneuses) que celles du nord. Ainsi si la Champagne-Ardenne (833 MW) et la Picardie (824 MW) arrivent en tête en termes de puissance installée, en termes de production, la Picardie (1 339 GWh) dépasse de peu le Languedoc-Roussillon (1 201 GWh), qui compte pourtant presque deux fois moins de capacité.
Mais d’autres freins limitent maintenant le développement de l’éolien terrestre : l’empilement de réglementations, qui s’est aggravé en 2011, ralentit considérablement la construction de parcs et permet la multiplication de recours, qui, même s’ils n’aboutissent pas, aggravent à leur tour ce ralentissement. Ainsi le classement des sites éoliens sous le régime des ICPE (Installations Classées pour l’Environnement, août 2011) a été mal compris par les professionnels du secteur : en effet il a normalement pour objet de protéger l’environnement autour de sites potentiellement nuisibles. Une contradiction, puisque les éoliennes représentent au contraire « une production d’électricité propre et sans émission de déchets ou de polluants », défendue par le ministère du développement durable qui évoque un allègement des procédures administratives, alors que ce classement va à l’encontre de cette logique. A ceci s’est ajoutée récemment la concertation obligatoire du porteur de projet avec les opérateurs de radars civils et militaires. Ces nouvelles réglementations inquiètent la filière par les risques d’inertie qu’elles engendrent.
Pour l’éolien offshore, par contre 2011 a été marqué par le premier appel d’offres, dont la première vague (3 000 MW environ) concernent cinq zones retenues : Le Tréport, Fécamp, Courseulles sur Mer, Saint Brieuc et Saint Nazaire. De grands groupes se sont d’ores et déjà positionnés sur plusieurs zones, voire la totalité pour certains. Ces projets devraient permettre la création d’au moins 4 000 emplois pérennes dans la production, l’exploitation et la maintenance, et beaucoup plus pendant les années de construction. Mais le début de la construction n’est pas prévue avant 2015 (les entreprises choisies devraient être annoncées au cours du premier semestre 2012). Dans l’immédiat, l’emploi a régressé dans la filière, pour la première fois depuis son démarrage (une dizaine d’années).
Par contre, le secteur recherche et développement se penche beaucoup sur l’éolien en mer : notamment en ce qui concerne le développement d’éoliennes flottantes permettant de s’affranchir des contraintes de profondeur. Mais il a aussi des sujets d’études dans l’éolien terrestre, où des solutions commencent à se développer pour répondre aux problèmes de tranquillité des riverains et de sécurité aérienne.
Source : Observ’ER