RTE (Réseau de Transport d’Electricité) a présenté son bilan prévisionnel de l’équilibre offre/demande de l’électricité en France. Il prévoit « une croissance de la demande nationale revue à la baisse en raison de la crise économique » à court terme, « un changement significatif du parc de production » à moyen terme, et propose des scénarios prospectifs pour le long terme, dont l’un prend en compte les résultats de mesures d’efficacité énergétique… « efficaces ».
Quatre scénarios différents
L’approche à long terme nécessite en effet de se fonder sur des scénarios prospectifs reposant sur des hypothèses différenciées. Quatre sont explorés par RTE : le « Médian » (continuité des tendances actuelles), le « Consommation forte » (accélération de la consommation via le développement du véhicule électrique et maintien d’une part nucléaire élevée), le « Consommation faible » (dans une perspective de ralentissement économique durable) et le « Nouveau mix » (avec réduction du parc de production nucléaire).
Le scénario « Nouveau mix » et l’efficacité énergétique
Ceux-ci conduisent naturellement à des résultats très différents à l’horizon 2030, avec une consommation électrique évaluée, selon les scénarios, entre 468 TWh et 590 TWh. La part du nucléaire y varie de 50 % pour le scénario « Nouveau mix » à 70 % pour « Consommation forte ». Le scénario « Nouveau mix » , étudié plus précisément, comprend un ensemble d’hypothèses complémentaires qui conduisent à un système électrique équilibré :
- les hypothèses les plus fortes sur les effets des mesures d’efficacité énergétique qui tirent la consommation à la baisse, malgré le développement très soutenu d’usages tels que le véhicule électrique et les pompes à chaleur ;
- le développement renforcé du parc de production renouvelable, avec des capacités de 40 GW d’éolien et 30 GW de photovoltaïque en 2030, ainsi qu’une croissance des parcs biomasse, biogaz et hydrolien. La proportion des énergies renouvelables dans le mix électrique atteint alors 40% ;
- le développement de 2 GW de production semi-base et de 10 GW de moyens de pointe, sous forme de production ou d’effacement, afin d’assurer l’équilibre en puissance à chaque instant
- le renforcement des capacités d’échanges transfrontaliers, pour gérer au mieux les intermittences en mutualisant les moyens entre les différents pays, qui s’élèvent à 27 GW, contre 15 GW aujourd’hui
Le scénario «Nouveau mix» se caractérise par :
- un nombre de rénovations thermiques plus soutenu que dans les autres scénarios avec la rénovation de 400 000 logements par an,
- des solutions de chauffage et de production d’eau chaude sanitaire orientées vers les équipements énergétiquement les plus performants : plus de pompes à chaleur géothermiques, plus de chauffe-eau solaires et thermodynamiques, plus de transferts de chauffage à combustibles vers des pompes à chaleur en cas de rénovation, etc.
- des baisses plus rapides des consommations unitaires des équipements (éclairage, électroménager, multimédia).
Des économies d’électricité importantes
RTE quantifie, dans ce scénario, les résultats de mesures d’efficacité énergétique dans plusieurs secteurs. Ainsi, dans le secteur résidentiel, elles donnent un résultat de – 57,3 TWh, dont chauffage – 10,4 ; dont eau chaude sanitaire – 9,0 ; dont éclairage – 8,3 ; dont électroménager (froid+lavage) – 16,0 ; et dont informatique et TV – 11,8. Ce calcul de l’efficacité énergétique totale inclut le développement accru de certains usages (ventilation mécanique contrôlée, usages diffus, etc.) qui tend à réduire l’effet global sur la consommation. Dans le tertiaire, l’impact des mesures d’efficacité énergétique compense complètement l’essor de l’activité et les économies s’élèvent à 38,9 TWh. Dans l’industrie, les effets de l’efficacité énergétique permettent d’estimer les économies à 20 TWh.
Les effets les plus importants sont dû, bien entendu, à des équipements de chauffage (et d’eau chaude sanitaire) plus performants (voir ci-dessus) avec des diminutions de 39 % pour le chauffage et de 32 % pour la climatisation, grâce à un meilleur rendement des appareils. Mais, à côté, les mesures sur l’éclairage donnent aussi des effets spectaculaires : une économie de 41 % des consommations unitaires dans le tertiaire, en remplaçant les lampes à incandescence contre des lampes basse consommation, voire des LEDs, et en généralisant des systèmes performants comme les détecteurs de présence, et de 30 % des consommations unitaires en ce qui concerne l’éclairage public.
Dans ce scénario, les consommations unitaires des équipements liées aux nouvelles technologies de l’information et de la communication baissent également de 2 % par an, et les centres de données consomment moins. De même, dans l’industrie, les moteurs offrent un meilleur rendement. « Nouveau mix » se traduit également par une hausse plus soutenue des transports ferroviaires (+2,5 % par an en moyenne) avec une politique environnementale favorable à leur développement et à la réduction des déplacements routiers.
Les efforts des différents secteurs, alliés à ceux de l’agriculture, pourraient ainsi, selon les calculs de RTE, conduire à un total d’économies d’électricité de 116,7 TWh, un chiffre loin d’être négligeable.
Source : Télécharger le bilan complet sur le site de RTE