Nous évoquions dans un article du 27 août les importations nécessaires pour satisfaire la demande de produits bios sur le marché français. Or l’Agence Bio (Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique) a publié le 29 septembre de nouveaux chiffres, prouvant le redressement incontestable de la filière bio en France, mais confirmant par la même occasion que les 6 % de surfaces cultivées en bio en 2012 ne seront pas atteints.
24 % d’augmentation sur le nombre des exploitations biologiques en France en 2009 par rapport à 2008 : en moyenne 300 de plus par mois, ce qui serait rassurant si le retard pris dans ce domaine n’était pas aussi important. 16 446 exploitations biologiques fin 2009 pour une surface totale de 677 500 ha (+16 %) : le redressement amorcé en 2008 se confirme après plusieurs années de stagnation. D’après les premières statistiques sur 2010, présentées par l’Agence Bio, la hausse s’amplifie puisque 2 948 exploitations supplémentaires sont aujourd’hui soit converties, soit en cours de conversion, sur les 7 premiers mois de l’année, soit un total de 19 594 exploitations fin juillet. Pour la fin de l’année, selon Elisabeth Mercier, directrice de l’agence, elles se situeront entre 20 500 et 21 000, occupant ainsi 3 % de la surface agricole utile (SAU) contre 2,46 % fin 2009. Loin cependant des 6 % pour 2012 et 20 % à l’horizon 2020, objectifs fixés par le plan agricole de 2008. En gardant le même taux de croissance, l’Agence Bio table tout au plus sur 33 000 exploitations et 1,4 million d’hectares de la SAU en 2012, en deçà de l’objectif de 1,65 million d’ha.
Pour encourager cette filière et tenter d’atteindre les objectifs, le ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire, vient parallèlement d’annoncer plusieurs mesures : la satisfaction de toutes les demandes de conversion présentées en 2010, 6 millions d’euros de rallonge au budget de 4 millions d’euros initialement prévu (l’Union Européenne apportant de son côté 7 millions) et la pérennisation de l’aide aux petits exploitants. D’autre part, une préférence sera accordée dans la restauration collective publique pour les « productions issues de circuits courts, et donc de produits bio » – bien que l’expression « circuits courts » ne soit en aucun cas synonyme de « produits bios », mais bien plutôt de « produits cultivés localement », quelque soit leur méthode de production. Enfin il annonce la parution en 2011 d’un guide sur les « intrants phytopharmaceutiques utilisables en agriculture biologique ».
Si la France se situe à la 2ème place (derrière l’Allemagne) pour la consommation de produits bios en Europe, elle n’apparaît qu’au 6ème rang des plus importants producteurs bios d’Europe (les surfaces cultivées en bio ne représentent que 8 % des terres utilisées pour l’agriculture biologique en Europe), et les importations continuent d’augmenter. Elisabeth Mercier ne prévoit pas de baisse pour cette année, mais elle serait possible en 2011, grâce au développement de la filière.
Mais la filière a aussi besoin de structurer sa distribution : un exploitant bio sur deux vend totalement ou partiellement sa production directement au consommateur, soit par la vente directe à la ferme (76 %), soit sur les marchés et les foires (54 %), au panier (21 %) et en magasin collectif (19 %). L’Agence Bio reste cependant optimiste :
La dynamique de développement de la bio s’amplifie et la structuration des filières est en marche.
Il est vrai que les ventes des produits bios affichent aussi pour les premiers mois 2010 une tendance à la hausse.
Sources : Le Journal de l’Environnement, CDurable