L’UFC Que Choisir, dans une étude publiée le 29 août, mène une charge contre les « sur-marges » de la grande distribution pour l’alimentation bio. Si les grandes enseignes, surfant sur une demande des consommateurs pour des produits plus naturels, promettent une offre large et des prix bas, l’enquête portant sur 24 fruits et légumes révèle l’indigence de l’offre et surtout l’existence d’une politique de marges très élevées, appliquées par la grande distribution sur les produits bio.
Le bio représente un marché avec un chiffre d’affaires en pleine croissance : multiplié par 3,5 en 10 ans (7,15 milliards d’euros actuellement). La grande distribution en est devenue le premier acteur avec 42 % des parts du marché. Les nombreux bénéfices du bio sont aujourd’hui démontrés, mais la consommation est freinée par les par les prix (79 % des consommateurs les jugent trop cher) et la disponibilité (73 % des consommateurs déplorent un manque de choix en grandes et moyennes surfaces).
En effet, quand il est disponible en grande surface, le panier de fruits et légumes bio coûte 79 % plus cher que son équivalent en produits conventionnels, une bonne raison pour les foyers les plus modestes de s’en détourner. Selon l’étude de l’association de consommateurs, le prix d’une consommation annuelle bio revient à 660 € pour un ménage français contre 368 € en conventionnel. Certes, les coûts de production bio sont plus élevés, mais cela n’explique qu’à la moitié du surcoût payé par le consommateur. Car 46 % de ce surcoût provient en réalité des « sur-marges » réalisées sur le bio par les grandes surfaces : par exemple +145 % sur la tomate et +163 % sur la pomme. Cette politique réduit l’accès au bio et pénalise son développement.
Mais, au-delà des prix, l’enquête menée dans 1 541 magasins montre l’indigence de l’offre bio en grande surface. En prenant les deux fruits et légumes frais privilégiés pour la consommation (pomme et tomate), on constate que dans 13 % des cas, il est impossible de trouver les deux dans le même magasin. 23 % n’en proposent même aucun en version bio. Pour les magasins qui les commercialisent, encore faut-il compter avec les casiers vides (7 %) ou aux trois quarts vides (16 %). Pour les pommes par exemple, deux variétés sont proposées en bio en moyenne, contre 8 en conventionnel.
Pour une offre bio accessible au plus grand nombre, l’UFC Que Choisir
- Exige de la grande distribution une meilleure cohérence entre les slogans commerciaux, la tarification et la disponibilité des produits bio,
- Demande à l’Observatoire de la Formation des Prix et des Marges, d’étudier la construction des prix du bio et de publier le niveau de marge nette par produits et par enseignes.
Source : UFC Que Choisir