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Biodiesel à base de colza : pas si durable que ça, selon une étude allemande

La Commission Européenne affirme que le biodiesel produit localement à base de colza permettrait une économie de plus de 38 % (valeur par défaut), voire 45 % (valeur établie par l’Union Européenne) des émissions de gaz à effet de serre, par rapport aux carburants issus du pétrole. Faux, ou tout du moins douteux, affirment deux chercheurs allemands de l’Université d’Iéna (Thuringe), qui, après une analyse du cycle de vie, de la production locale de colza à la combustion de l’agrocarburant, obtiennent des résultats largement inférieurs : dans 8 scénarios sur 12, le résultat est même inférieur à 30 %.

Champ de colza (photographie Alain Larivière)

La réglementation européenne de 2009, relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables, impose que les biocarburants, pour être considérés comme durable et pris en compte dans l’objectif européen de réduction d’émissions de CO2, permettent une économie d’au moins 35 %. Or, les experts de l’Université Schiller, Gernot Pehnelt et Christoph Vietze, auteurs de l’étude, affirment :

Dans la plupart de nos scénarios, le biodiesel produit à partir d’huile de colza n’atteint pas les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) inscrits dans la directive de 2009 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables (…) Ni la valeur type de réduction des émissions de GES inscrite dans la directive pour le biodiesel produit à partir d’huile de colza (45%), ni même la valeur par défaut (38%) ne peuvent être validées par nos analyses (…) Nos résultats indiquent que la durabilité des biocarburants à base de colza dans le cadre de l’interprétation de la directive relative aux énergies renouvelables est au mieux très discutable et dans la plupart des scénarios, tout simplement injustifiable.

Pour arriver à ces résultats, ils ont utilisé les données publiques, mais le refus de l’Union Européenne de leur communiquer l’intégralité des données a représenté, selon eux, un obstacle à leur travail, et relève « d’un manque de transparence », déjà noté par des ONG. Manque de transparence dont la Commission Européenne se défend par la voix d’une porte-parole :

Des études différentes peuvent aboutir à des résultats différents en fonction des hypothèses de départ (…) L’affirmation selon laquelle ces données ne seraient pas communiquées par la Commission est incorrecte, toutes les données sont publiées sur le site du CCR.

En utilisant les mêmes méthodes de calcul, les chercheurs allemands aboutissent donc à des résultats bien différents de ceux évoqués par les autorités européennes, et assimilent ce fait à « un protectionnisme vert » qui chercherait à exclure  les sources de biodiesel importées. Gernot Pehnelt, dont l’étude tient compte du changement d’affectation des sols, a de plus déclaré :

La Commission européenne hésite à publier toutes les données et promet de présenter de nouvelles estimations pour chaque biocarburant, mais elle n’a encore fourni aucune valeur. Ils ne sont pas transparents. Nous souhaitons comparer notre méthode à la leur et à leurs données, il s’agit de la meilleure manière pour déterminer si les biocarburants à base de colza et les autres sont durables ou non.

Sources : Euractiv, Actu-Environnement, photographie Alain Larivière

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