Le projet de Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour les 10 ans à venir a déçu les acteurs de la filière biogaz. Ils l’ont fait savoir dans une tribune signée par 42 d’entre eux et publiée dans la presse, puis régionale fin février. Dans cet appel pour un soutien renforcé à cette filière, intitulé « Make our PPE great again », ils affirment leur soutien au développement d’un modèle français durable de production de gaz renouvelable.
Des acteurs engagés de la filière biogaz
Les signataires représentent une grande diversité d’acteurs de la filière biogaz. On y trouve notamment des régions (dont le Grand-Est, la Bretagne, etc.), des collectivités locales, des syndicats intercommunaux d’énergie, des industriels, des associations interprofessionnelles, des think tanks, des associations environnementales, etc.
Tous souhaitent attirer l’attention sur l’incompréhension provoquée par le projet de PPE. En effet, le projet de loi actuel remet en cause l’objectif inscrit dans la loi de Transition Energétique de 2015 : 10 % de gaz renouvelable dans la consommation totale de gaz en France à l’horizon 2030.
Ainsi, GRDF, un des signataires, précise que les mesures proposées risquent de freiner la filière biogaz et de conduire à un modèle non-durable de développement du gaz renouvelable. L’ATEE (Association Technique Energie Environnement), un autre des signataires, explique que derrière ce slogan grand public, « Make our PPE great again », se cache aussi analyses et propositions.
Par exemple, son Club biogaz montre que les objectifs de cette PPE vont faire monter le nombre d’installations de cogénération mises en service chaque année d’ici 2023, puis ensuite les diviser par deux. « L’attribution du marché de la cogénération doit être compensée par l’injection de biométhane pour maintenir et développer l’emploi et pérenniser le filière française » déclare-t-il.
Une tribune pour donner un avenir à la filière
Les signataires de la tribune appellent donc les autorités à donner à cette filière biogaz les moyens de se développer, au moins à hauteur des objectifs de la loi de transition énergétique. Elles doivent lui assurer des critères de soutenabilité à la croisée des enjeux de l’agriculture, des territoires, de l’énergie et du climat.
« Cette énergie renouvelable [le biométhane], produite localement et permettant la valorisation de déchets, d’effluents agricoles et de cultures agricoles intermédiaires est un atout pour la planète, les territoires et le monde agricole. Nous ne pouvons nous passer d’une filière qui crée des revenus pour les agriculteurs, des emplois non délocalisables et contribue efficacement à la préservation des ressources et à la lutte contre le changement climatique« , peut-on y lire.
« Alors que l’ambition de la France est d’être pionnière dans le combat pour le climat, faisons de le Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) un accélérateur au développement d’un modèle français durable de production de gaz renouvelable, avec des projets à taille humaine, au service du climat, de l’environnement et de l’emploi dans les territoires« , précise-t-elle.
Car beaucoup de questions restent posées : tarifs d’achat, appels d’offres, projets en cours, articulation des appels à projets régionaux, acheteur de dernier recours, adaptation au droit européen en font partie. En bref, conclut l’ATEE, « sur le biogaz, la copie est à revoir totalement« .