Une étude, parue dans Carbon Balance and Management le 29 septembre, révèle que les émissions de méthane (CH4), en partie responsable de réchauffement climatique, ont très fortement augmenté au cours de la dernière décennie, et particulièrement celles issues de l’élevage. Elle pointe le nombre et la taille du bétail, notamment dans les pays en développement, ainsi que les changements intervenus dans sa gestion.
Les émissions de ce gaz au puissant effet de serre ont largement dépassé les prévisions. En effet, le CH4, s’il persiste moins longtemps que le CO2 dans l’atmosphère, a par contre un pouvoir beaucoup plus réchauffant. Or, en 2001, ces émissions étaient déjà supérieures de 11 % aux estimations du rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) en 2006.
Celles issues de l’élevage sont liées à la fois aux phénomènes de fermentation lors du processus de digestion du bétail et aux modes de stockage et de traitement des déjections. « Dans de nombreuses régions du monde, la quantité de bétail évolue, et l’élevage produit des bêtes plus grosses, ingérant un plus gros volume de nourriture » souligne l’auteure principale, Julie Wolf, chercheuse au ministère américain de l’agriculture (USDA). « Cela, couplé avec des changements dans la gestion du bétail, peut conduire à des émissions accrues. »
Cependant, révèle un co-auteur de l’étude, Ghassem Asrar, directeur du Joint Global Change Research Institute, basé dans le Maryland (Etats-Unis) : « Les émissions de méthane issues du bétail ont crû le plus fortement dans les régions qui se développent rapidement, en Asie, en Amérique latine, en Afrique. En revanche, ces émissions ont augmenté moins fortement aux Etats-Unis, au Canada, et elles ont légèrement baissé en Europe occidentale. » Les chercheurs ont mis au point un nouveau mode d’évaluation des émissions de méthane par tête de bétail.
Les scientifiques mettent en cause notre alimentation, de plus en plus riche en viande et en produits laitiers. Ainsi, souligne Dave Reay, professeur à l’université d’Edimbourg, « Notre alimentation incluant de plus en plus de viande et de produits laitiers, son coût climatique tend à croître. Réduire la production de méthane issu des vaches, ce n’est peut-être pas aussi spectaculaire que des éoliennes ou des panneaux solaires, mais c’est au moins aussi vital. » Certains avancent des solutions pour limiter les émissions de méthane, notamment nourrir le bétail en partie avec des graines de lin, qui feraient chuter la production de ce gaz lors de la rumination. D’autres travaillent à la création d’une herbe moins grasse, qui faciliterait la digestion des vaches et limiterait leur production de méthane. Une autre est applicable immédiatement et beaucoup plus simple : réduire notre consommation de viande, bovine en particulier.
Sources : Le Monde, Bio à la Une, Le temps