Depuis bientôt quatre ans, la Californie est entrée dans la période de sécheresse la pire jamais observée, selon les spécialistes. La situation ne donne d’autre choix au gouvernement de l’Etat que de prendre des mesures drastiques pour réduire de 25 % la consommation de l’eau dans les prochains mois. Cependant les mesures les plus efficaces se heurtent à des réalités économiques et à des résistances importantes de ces milieux.
La neige de la Sierra Nevada, qui représente 60 % de l’alimentation des réservoirs lors de leur fonte et 30 % de l’approvisionnement en eau de l’état, ont connu au cours de ces dernières années une diminution spectaculaire : en 2010, la couche mesurait 3,15 mètres, contre 86 centimètres en 2014. Tous les citoyens vont donc être mis à contribution, mais agriculteurs et institutions devront aussi prendre leur part pour éviter tout gaspillage et économiser l’eau, des mesures plutôt difficiles à passer dans un pays où, étant donné son très faible coût, on avait l’habitude de la dépenser sans compter.
« En raison de la plus faible accumulation de neige jamais enregistrée et alors que la fin de la sécheresse n’est pas en vue, le gouverneur Jerry Brown a annoncé des mesures d’économie d’eau pour limiter le gaspillage […] et investir dans de nouvelles technologies pour mieux préparer la Californie à faire face à la sécheresse. Cette sécheresse historique demande des mesures sans précédent » explique un communiqué des autorités de l’état.
Le gouvernement demande ainsi le remplacement de 4,6 millions de mètres carrés de pelouse par des plantes considérablement moins gourmandes en eau (cactus, agaves ou autres plantes succulentes) et prévoit de revoir les normes des toilettes et des robinets pour en limiter le débit. Les contrevenants pourront aussi se voir affliger des pénalités considérablement plus importantes que celles existant actuellement. Terrains de golf, cimetières et lieux publics devront aussi réduire considérablement leur consommation d’eau.
Mais pour les agriculteurs, qui se retrouvent au premier rang car accusés de trop pomper dans les nappes phréatiques, les mesures, même si elles ne semblent pas bien terribles, ont du mal à passer : ils devront désormais déclarer régulièrement les quantités d’eau qu’ils utilisent. Ils consomment à eux seuls environ 80 % de l’eau de la Californie avec des systèmes d’irrigation souvent inefficaces et responsables d’un énorme gaspillage dû à l’évaporation, et cela gratuitement. A titre d’exemple, la production d’amandes californiennes consomme trois fois plus d’eau que toute l’agglomération de Los Angeles, celle de pistaches trois fois plus d’eau que celle de San Francisco. Une réelle solution consisterait sans doute à faire payer l’eau à son véritable coût, mais des mesures de ce genre sont difficilement envisageables au vu des milliards de dollars que représentent les revenus agricoles, et des milliers d’emplois en jeu.
Sources : L’Express, Le Monde, France TV info