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Campagne Glyphosate : du glyphosate dans les urines de plus de 99 % des Français !

Campagne Glyphosate
Campagne Glyphosate

Une étude de l’association Campagne Glyphosate montre que toute la population française est impactée par les pesticides et particulièrement le glyphosate. On le retrouve dans 99,8 % des échantillons d’urine prélevés sur 6 848 personnes réparties dans 84 départements (France métropolitaine et La Réunion). Plus de 5 800 plaintes ont déjà été déposées ou sont sur le point de l’être au Tribunal de Grande Instance de Paris qui assure l’instruction.

Des pesticides omniprésents

Depuis la seconde moitié du XXème siècle, l’utilisation de pesticides a entraîné le rejet de résidus dans l’environnement, les écosystèmes et la chaîne alimentaire. Malgré une progression de l’agriculture biologique, l’achat et l’utilisation de pesticides dans l’agriculture française ont augmenté de 25 % au cours de la dernière décennie. Et La France fait partie des dix premiers pays utilisateurs de pesticides au monde.

Le but de l’étude, publiée dans la revue Environmental Science and Pollution Research, était de quantifier les taux de glyphosate dans la population générale française. Dans ce but, 6848 personnes ont participé à cette étude conduite entre 2018 et 2020. Les données des participants incluent leur âge, sexe, le lieu de résidence, la situation professionnelle et des informations alimentaires. Les premières urines du matin ont été analysées dans un unique laboratoire.

Le glyphosate a été mis sur le marché en 1974 (avec comme nom commercial Roundup). La Limite Maximale de Résidus (LMR) de glyphosate en France pour l’eau potable est de 0,1 ng/ml. Dans les aliments solides, la LMR est plus élevée et atteint 20 mg/Kg pour les céréales, telles que l’avoine l’orge, 10 mg/Kg pour le blé, les lentilles, les pois et les graines de colza, 2 mg/Kg pour les haricots. Il a ainsi été retrouvé dans 87,5 % des céréales du petit-déjeuner et 100 % des échantillons de céréales infantiles. Mais une grande proportion des aliments que nous ingurgitons est également touchée.

Du glyphosate dans les urines de 99,8 % de la population française

Les résultats des analyses menées sont sans appel : plus de 99% de la population française présente des niveaux quantifiables de glyphosate dans les urines ; avec un niveau moyen de 1,19 ng/ml et des niveaux plus élevés chez les enfants et les agriculteurs. Les hommes ont tendance à avoir une concentration urinaire moyenne de glyphosate plus élevée que les femmes, et les enfants une concentration moyenne plus élevée que les adultes.

La principale voie d’exposition semble bien être la nourriture ; l’exposition professionnelle s’effectue par la peau, par les voies respiratoires et digestives et touche aussi les personnes vivant à proximité des exploitations agricoles. Les résultats montrent également des concentrations plus élevées de glyphosate dans les urines au printemps et en été. Le taux est plus élevé chez les fumeurs et les consommateurs de bière et de jus de fruits.

Une contamination généralisée dans les pays industrialisés et des effets sur la santé

Les résultats de l’étude menée pour Campagne Glyphosate confirment donc la contamination de pesticide par l’alimentation et l’eau de boisson. Les personnes qui consomment majoritairement du bio et de l’eau filtrée affichent des niveaux de concentration plus faibles. Les agriculteurs, et particulièrement ceux travaillant en milieu viticole, montrent des taux plus élevés. « Ainsi, nos résultats montrent une contamination générale de la population française par le glyphosate, et contribuent en outre à la description d’une contamination généralisée dans les pays industrialisés », précise l’étude.

Or l’exposition au glyphosate soulève d’importantes préoccupations pour la santé humaine. Beaucoup d’études le classent comme « cancérigène probable ». Pourtant, l’évaluation menée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a conclu que le glyphosate est « peu susceptible de présenter un risque cancérigène pour l’homme et que les preuves ne suffisent pas pour cette classification concernant son potentiel cancérogène » Mais elle s’est principalement appuyée sur des études menées par les industries agrochimiques, précise l’étude. Aux cancers s’ajoutent également des effets neurotoxiques et une altération du développement neurologique. Le glyphosate présente aussi un risque de perturbation endocrinienne.

« En conclusion, nos données contribuent à la description d’une contamination généralisée au glyphosate de la population dans les pays industrialisés et soulèvent la question de la pérennité d’un usage systémique et répété du glyphosate. Le glyphosate, et les pesticides en général, sont décrits comme étant nocifs à la fois pour la santé des agriculteurs et la biodiversité, avec une contamination durable de l’environnement. Bien que la production d’aliments biologiques ne cesse d’augmenter en France, le glyphosate est toujours autorisé dans l’agriculture française et européenne, et la PAC (Politique Agricole Commune) récemment adoptée par l’Union européenne pourrait ne pas soutenir suffisamment la mise en œuvre et l’accompagnement d’une transition vers un nouveau modèle agricole répondant au défi de l’approvisionnement alimentaire, des revenus et de la santé des agriculteurs et de la biodiversité », souligne l’étude.

Campagne Glyphosate continue

L’Association Campagne Glyphosate a lancé un appel national pour inviter les citoyens à participer à une campagne d’analyses d’urines afin d’y rechercher des traces de glyphosate. Elle a trois objectifs : montrer que chacun d’entre nous a des pesticides dans le corps, le glyphosate en étant le marqueur (ce qui a été prouvé par l’étude) ; sensibiliser le grand public, les utilisateurs et les décideurs ; porter plainte contre les responsables du maintien de ce produit sur le marché pour « mise en danger de la vie d’autrui, tromperie aggravée et atteinte à l’environnement ».

Les 5 800 premières plaintes ont déjà été déposées (ou sont sur le point de l’être), mais l’action continue et il est toujours possible de se joindre à la Campagne Glyphosate en s’inscrivant sur le site. L’association fait de plus appel aux dons sur Hello asso, car si la première étape, l’étude, est franchie, il en reste encore deux en cours, dont l’action en justice.

Sources : Le site de Campagne Glyphosate, Hello asso, Environmental Science and Pollution Research (une traduction française est disponible à cette adresse)

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