Capgemini publie son 15ème Observatoire Européen des Marchés de l’Energie et souligne une situation très perturbée des marchés de l’électricité et du gaz en Europe, qui pourrait même menacer la sécurité d’approvisionnement en énergie de nos régions. En effet, la combinaison de la dérégulation des marchés de l’électricité et du gaz et de la mise en œuvre du paquet Energie-Climat sur fond de crise économique perturbe les marchés de l’énergie, favorisant une situation instable qui représente un danger à court, moyen et long terme pour la sécurité d’approvisionnement.
Les facteurs à l’origine de cette situation
En effet, les trois facteurs se conjuguent.
- La crise économique impacte les consommations de gaz et d’électricité des clients industriels en particulier : diminution depuis 2011 de la consommation électrique totale, qui s’accélère encore au 1er trimestre 2013, et de celle du gaz, encore plus sensible, mais qui, au contraire, se stabilise.
- La mise en œuvre du paquet Energie-Climat a provoqué un essor rapide des énergies renouvelables qui, parce qu’elles sont subventionnées, mettent sous pression la compétitivité des centrales à gaz. Ces dernières, moins sollicitées, voient leur durée d’utilisation chuter considérablement, entraînant des problèmes de rentabilité.
- D’autant plus que le développement des gaz non conventionnels a fait baisser le prix du gaz aux Etats-Unis, qui ont donc moins recours au charbon. Le surplus de ce combustible est exporté vers l’Europe avec des prix en baisse de 30 %. Ceci a favorisé la compétitivité des centrales à charbon.
Les conséquences pour L’Europe
Mais les conséquences sont sévères pour l’Europe.
- D’abord, de nombreuses centrales à gaz ont déjà fermé et 130 000 MW risquent encore de fermer d’ici 2016. Pourtant indispensables par leur souplesse d’utilisation lors des heures de pointe de consommation, elles sont remplacées par les énergies renouvelables, mais celles-ci restent aléatoires.
- De plus, le poids important des subventions aux énergies renouvelables pour la croissance de leur part dans le mix énergétique pèsent sur les finances des états, déjà fortement endettés, et se répercutent sur le prix final de l’électricité payé par le consommateur. Le trop faible prix des droits d’émissions de CO2 n’incite pas non plus les industriels à investir dans des technologies n’émettant pas de gaz à effet de serre.
- Enfin, les prix de l’électricité sur les marchés de gros ont connu un comportement erratique : des prix négatifs ont même pu être observés (voir notre article du 14/07/2013). Du coup, les investissements à long terme nécessaires pour assurer la sécurité d’approvisionnement sont menacés. Ils concernent pourtant directement le remplacement des anciennes centrales qui ferment et la construction de nouveaux réseaux électriques de transport. Le seuil critique de ces investissements se monte à 1 000 milliards d’euros : l’Observatoire redoute qu’il ne se réalise pas.
Les mesures préconisées par l’Observatoire
Les mesures préconisées par l’Observatoire pour l’Europe sont les suivantes :
- repenser le fonctionnement des marchés de l’énergie ;
- doter le système d’échanges de quotas d’émissions de CO2 d’une régulation adaptée aux conditions du marché ou introduire un prix plancher à la tonne ;
- créer des marchés de capacités coordonnés au niveau européen ;
- concevoir et mettre en place un nouveau modèle de marché de détail ;
- et enfin définir un rythme de croissance raisonnable des énergies renouvelables pour limiter les subventions associées.
Source : Capgemini