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Carrières et biodiversité sont-elles compatibles ?

Il existe actuellement en France quelques 2 700 carrières de granulats, dont on extrait chaque jour un million de tonnes de sable et de gravier, soit environ 20 kg par habitant. Ces granulats proviennent de carrières de roches meubles d’origine alluvionnaire ou de carrières de roches massives. Transportés ensuite vers les chantiers, ils serviront aux travaux publics ou à la construction de logements ou bâtiments variés ; acheminés vers des usines de transformation, ils seront utilisés pour fabriquer du béton.

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Les carrières et l’environnement

Implantées en milieu rural, souvent situées en zones sensibles voire en zones protégées, les carrières approvisionnent le marché local. Leur exploitation est attribuée pour 30 ans, reconductibles. Après exploitation, les sites doivent faire l’objet d’un réaménagement, et cette obligation incombe aux carrières : réaménagement agricole, forestier, réserve écologique ou base de loisirs, selon la volonté du propriétaire et après validation du projet par le préfet. Ce réaménagement se coordonne souvent avec l’exploitation : au fur et à mesure où celle-ci se déplace, les terrains abandonnés sont réaménagés. On peut ainsi trouver sur un même site plusieurs réaménagements en cours à des stades différents.

Pour chaque type de réaménagement, les opérations diffèreront. Créer un plan d’eau par exemple nécessitera la réalisation de berges, de pentes, d’îlots avec divers matériaux. Il faudra ensuite restaurer les zones boisées. Un aménagement agricole exigera le remblaiement de la zone grâce aux matériaux non exploités, puis la redisposition de la terre végétale initialement présente et qui a été stockée pendant le temps de l’exploitation de la carrière.

Des études menées depuis une trentaine d’années, mais par les industries extractives, soulignent que les carrières contribuent à la biodiversité. Elles offriraient à la nature un espace privilégié pour la diversité de la faune et de la flore, qui deviendrait même parfois plus riche qu’avant l’exploitation de la carrière, selon les inventaires écologiques dressés sur une cinquantaine d’anciennes carrières de granulats.

Toujours selon ces études, l’extraction de matériaux des carrières alluvionnaires et les travaux de réaménagement créent des étendues aquatiques et des milieux humides colonisés par une faune et une flore spécifiques, souvent menacées par la disparition des zones humides. Quant à l’extraction de roches massives, si elle déséquilibre considérablement le paysage, elle génère une nouvelle mosaïque de petits habitats favorables au développement de certaines espèces.

Les actions des exploitants

Certains industriels mettent en place des plans d’action en faveur de la biodiversité. Ainsi Cemex France a édité, dans le cadre de l’année internationale de la biodiversité, 15 fiches pratiques intitulées Réaménagement et biodiversité des carrières, sorte de guides pratiques pour la création de solutions d’aménagement afin d’accueillir la biodiversité sur les carrières : mares temporaires, îlots, pelouses sèches selon les cas. Ces fiches, réalisées en partenariat avec la Ligue de Protection des Oiseaux, s’adressent d’abord aux collaborateurs des carrières et sont mises à la disposition des élus, riverains, associations.

Pour sa part, l’Unicem (Union Nationale des Industries de Carrières et Matériaux de construction), qui fédère la quasi-totalité des industries extractives et des fabricants de matériaux de construction (béton, mortier, plâtre), dit mettre la biodiversité au cœur de ses préoccupations. Son nouveau président, Denis Maître, déclare :

Nos sites sont riches en biodiversité et abritent souvent des espèces menacées. Nous nous sentons responsables de préserver au maximum ces situations dans la limite de ce qui est raisonnable. C’est pourquoi nous consacrons beaucoup de moyens à l’acquisition de connaissances scientifiques sur la richesse écologique de nos sites et à la vulgarisation des bonnes pratiques auprès de nos entreprises. Nous allons poursuivre nos efforts avec un double objectif : permettre aux carrières de jouer pleinement ce rôle d’opportunité pour la biodiversité tout en maintenant les conditions nécessaires à la poursuite de nos exploitations.

Il affirme d’autre part que cette expertise acquise fait que leur avis est souvent demandé dans ce domaine.

Lafarge Granulats, qui exploite 135 carrières et sablières en France, dont 87 situées en zones sensibles et 22 en zones géographiques protégées, affirme avoir 35 ans d’expérience dans le réaménagement et la mise en valeur de la biodiversité après exploitation. Selon le gisement, la durée d’exploitation d’une carrière peut durer de 5 à 100 ans. Le plan de réaménagement est actuellement obligatoirement intégré au plan d’exploitation. L’entreprise travaille en partenariat avec WWF et affirme chercher à diminuer son impact. Ainsi, son directeur des Affaires Publiques et du développement Durable, Arnaud Colson, affirme :

En partenariat avec le WWF, Lafarge a formalisé son approche et développé un système global de gestion de la biodiversité, qui a pour objectif d’accroître la valeur biologique des sites. Lafarge expérimente donc désormais des pratiques managériales de pointe afin de diminuer l’impact de son activité et de protéger activement la biodiversité. Ainsi, partout où cela est possible et lorsqu’une espèce sauvage est menacée, Lafarge s’efforce de compenser sa disparition, même temporaire, par le transfert des stations végétales ou par des aménagements spécifiques favorisant la réintroduction de certaines espèces.

Lafarge envisage même d’apporter et d’enrichir des bases de données scientifiques et de constituer ainsi des « Atlas Biodiversité des communes », qui pourraient ensuite être utilisés par les élus locaux.

Apparemment, les carrières en fin de vie permettent donc la création de toutes sortes d’espaces naturels, destinés soit aux loisirs et à l’observation des espèces animales et végétales, comme des sentiers de promenade, soit à d’autres exploitations comme la production de bois, ou diverses productions agricoles, ou encore à la pêche.

Une caution financière est maintenant exigée par les préfectures, afin de financer la remise en état, même dans le cas où l’entreprise d’extraction ferait faillite. Il reste cependant des sites « orphelins » non remis en état par les exploitants : l’Unicem les traite actuellement petit à petit.

La Loi Carrières, ensemble de réglementations qui régit ce domaine, découle de la Loi relative à la protection de la nature de 1976. Clairement, à la question Carrières et biodiversité sont-elles compatibles ? tous ces professionnels des industries d’extraction de granulats répondent oui. On ne peut toutefois s’empêcher de noter quelques « bémols » dans les déclarations des représentants d’entreprise sur la préservation de la biodiversité, du genre « dans la limite de ce qui est raisonnable », ou « partout où c’est possible ». Il serait intéressant de connaître sur ce sujet les avis des associations de protection de la nature.

Source : Batiactu, Wikipédia

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