Ubyrisk Consultants, cabinet d’expertise spécialisé dans l’étude et la gestion des risques naturels, vient de publier un bilan de la dernière décennie en France. S’appuyant sur une compilation des données de 2001 à 2010, il recense à la fois le nombre et la gravité des catastrophes naturelles intervenues pendant cette période, le nombre des victimes et le coût économique de ces événements.
Un nombre d’événements naturels relativement stable
Au total, 670 événements naturels ont eu lieu pendant cette décennie en France (DOM compris). Pour un nombre globalement en augmentation de 67 catastrophes naturelles en moyenne par an, l’année 2001 en aura connu le plus (92), devant 2003, et l’année 2005 aura été la plus calme, avec 53 événements recensés. Mais les cinq dernières années n’ont pas été pires que les autres :
Contrairement aux statistiques mondiales de la décennie, qui montraient un net accroissement du nombre de catastrophes au cours des 5 dernières années, cette tendance ne se retrouve pas pour la France pour laquelle le nombre d’événements annuel reste stable autour de la moyenne relevée pour la décennie.
Sur une échelle d’importance qui compte 7 niveaux, 89 % des événements se situent au 1er et au 2ème échelons (moins de 5 victimes et des conséquences matérielles régionales), alors que la moyenne du monde entier n’est qu’à 69 % sur ces 2 niveaux. Le niveau 3 (entre 6 et 50 victimes et des dommages matériels régionaux) recense 10 % des catastrophes naturelles en France, contre 29 % sur l’ensemble de la planète. Les catastrophes de niveau 4 à 6 (plus de 50 victimes et dommages à l’échelle nationale) ne comptent que pour moins de 2 % dans notre pays, contre 10 % à l’échelle mondiale.
66,4 % des événements naturels sont d’origine atmosphérique, avec les inondations pour 20 % et les orages pour 17,5 % au premier plan. 11,2 % ont une origine géologique :
Si la part des événements d’origine atmosphérique survenus en France est sensiblement la même qu’à l’échelle mondiale, il apparaît en revanche que notre pays connaît proportionnellement moins d’événements d’origine géologique. Ceci s’explique notamment par le fait que notre pays n’est qu’assez modérément exposé au risque sismique et volcanique et que le nombre de mouvements de terrain y est relativement limité.
Par contre, les événements d’origine complexes (incendies de forêt, avalanches) comptent pour une part de 24 % et sont plus représentés en France que dans le reste du monde.
Un nombre élevé de victimes, mais 2003 y contribue lourdement
En ce qui concerne les victimes, le nombre s’élèvent à 15 539 morts, mais 96 % de ce chiffre sont dus à la canicule de 2003. Si on exclut les victimes de cette canicule, les avalanches arrivent en tête avec 194 morts (26 %), devant les vagues de chaleur avec 137 morts (18,6 %) et les inondations : 109 morts (14,8 %), qui précèdent juste les tempêtes avec 103 victimes (14 %).
Un coût économique en hausse
En ce qui concerne le coût économique de ces catastrophes, il s’est élevé à 13,65 milliards d’euros, presque autant que pour la décennie précédente (1991 – 200), où la facture avait brutalement augmenté en 1999, en raison des tempêtes mémorables, qui ont pesé pour 54 % dans le chiffre global des dix années. Si l’on fait la comparaison avec cette décennie, en excluant 1999, les chiffres diffèrent cependant :
Sans cette surreprésentation de l’année 1999, il est légitime de penser que la décennie précédente (1991-2000) aurait eu un coût moins élevé – de l’ordre de 30% d’après nos estimations – que celle qui vient de se terminer. Il est donc justifié de considérer que le coût économique des catastrophes naturelles s’accroît notablement dans notre pays, ce qui est en accord avec la tendance observée dans les autres pays de l’OCDE.
2010 aura été l’année la plus coûteuse, avec 3,05 milliards d’€, avec notamment la tempête Xinthia en février (1,6 milliard d’€). Globalement les tempêtes représentent d’ailleurs les événements naturels les plus coûteux : Klaus, en janvier 2009, avait atteint le chiffre de 1,7 milliard d’€, devant les inondations.
Encore ces chiffres ne représentent-ils que les biens assurés. Si l’on prend en compte les biens non-assurés comme les forêts, les routes et les infrastructures publiques par exemple, la facture double et se porte en 10 ans à 30 milliards d’euros. Les auteurs du rapport notent en conclusion que la moitié sud de la France a été plus touchée pendant cette décennie que la moitié nord :
A cet égard, les communes du sud-est et du sud-ouest se détachent assez nettement, puisque nombre d’entre elles ont été déclarées en état de catastrophe naturelle à plus de 5 reprises en 10 ans.
Sources : Le Journal de l’Environnement, Argus de l’Assurance, goodplanet (image)