De plus en plus de scientifiques se mobilisent pour lancer des appels à une action rapide dans la lutte contre le changement climatique. Et cela pour différents motifs. Ainsi, un collectif de sociétés médicales et d’ONG vient de publier une Déclaration de Paris sur le climat, l’environnement et la santé respiratoire, pour inciter le gouvernement à agir, et sans tarder, car la santé respiratoire de la population est en jeu.
Changement climatique et santé
Cette initiative, portée par la Commission Environnement et Santé de l’European Respiratory Society (ERS), a pour but de promouvoir et défendre les intérêts des citoyens en matière de santé, lors de chaque orientation, mesure ou décision politique sur le changement climatique. Le collectif part de 5 constats.
Le premier est que la santé et l’environnement sont inextricablement liés au changement climatique. Chaque année, « près d’un quart du coût mondial des maladies et, environ 12,6 millions de décès, sont attribuables à des facteurs environnementaux modifiables« . Ainsi, les vagues de chaleur, les feux de forêt ou les sécheresses ont des conséquences directes sur la santé respiratoire.
Le second est que le changement climatique a des effets directs et indirects sur notre santé respiratoire. Une possible corrélation entre l’augmentation de la température, l’augmentation des décès respiratoires et le nombres d’admissions à l’hôpital a été mise en évidence dans différentes études. « En effet, durant les périodes de forte chaleur et d’humidité élevée, les symptômes peuvent se déclencher chez les personnes asthmatiques tandis que les patients atteints de Bronchopneumopathie chronique obstructive courent un risque accru d’aggravation et d’hospitalisation. Au-delà de ces effets directs, le changement climatique entraîne une augmentation des autres facteurs de risque de maladies respiratoires. Par exemple, des inondations plus fréquentes entraînent une augmentation du taux d’humidité et des moisissures dans les espaces intérieurs, causant de l’asthme, de la rhinite allergique et certaines infections respiratoires« , explique la déclaration.
Cet impact touche principalement les personnes les plus fragiles, tel est le troisième constat. Certaines populations sont plus fragiles que d’autres, en fonction de leur niveau de vie et des lieux où elles sont implantées. Les pics de chaleur mortels menacent environ 30 % de la population mondiale et particulièrement dans les zones soumises au climat, qui « subissent de plein fouet les conséquences du changement climatique« . Populations défavorisées, personnes âgées, enfants et personnes souffrant déjà d’une maladie respiratoire sont les plus atteints.
Changer et maintenant
Les quatrième et cinquième constats se résument en deux mots : « changer » et « maintenant ». « Le défi est de changer » proclame la déclaration, mais elle complète « changer maintenant« . Certes il est nécessaire de faire « des choix politiques plus intelligents pour réduire la production de gaz à effet de serre et réduire la pollution de l’air (y compris les polluants atmosphériques à courte durée de vie et le pollen) » comme le recommande l’OMS.
Mais à l’instar de l’appel des 700 scientifiques français, le collectif pense que cela dépend de la volonté politique. Un engagement ne suffit pas. Il remarque cependant qu’il existe certaines initiatives encourageantes. Mais cela tarde à venir : « il ne suffit pas de changer, nous devons changer maintenant« . « Des prises de décision tardives, pour limiter les gaz à effet de serre et les polluants atmosphériques à courte durée de vie, auront des conséquences irréversibles sur la santé de tous les citoyens » prévient-il.
Il suggère par ailleurs des solutions que d’autres ont adopté : « Le gouvernement français pourrait, par exemple, s’inspirer de l’Irlande qui, en adoptant le « Fossil Fuel Divestment Bill », interdit désormais tout investissement dans les énergies fossiles, ce qui conduira à la suppression du recours à ces énergies et stimulera les investissements dans les carburants verts et les nouvelles technologies favorables aux énergies renouvelables, conduisant ainsi à la réduction à large échelle des émissions dues au diesel« .
Efficacité énergétique et développement des énergies renouvelables font aussi partie des solutions. Mais pas toutes les énergies renouvelables, car l’énergie produite à partir de la biomasse à des effets néfastes sur la santé respiratoire. « Ce n’est qu’en suivant une politique audacieuse au niveau national que la France sera en mesure de respecter ses engagements internationaux et d’améliorer les conditions environnementales de notre planète » rappelle le collectif en conclusion.
Source : ERS