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Changement climatique et pays pauvres

CGIARUne récente étude, réalisée par des scientifiques dans le cadre d’un programme du CGIAR (Groupe Consultatif pour la Recherche Agricole Internationale) sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS), Localiser les points chauds du changement climatique et de l’insécurité alimentaire dans les régions tropicales, attire une fois de plus l’attention sur les risques encourus par les millions d’habitants des régions les plus pauvres du monde, qui seront les plus gravement touchées par le réchauffement. En effet, l’organisme a développé une nouvelle méthode permettant de prévoir les impacts probables du changement climatique sur les principales cultures et leurs parents sauvages, des outils essentiels à l’action menée pour tenter d’adapter l’agriculture des pays en développement aux chocs climatiques.

Après étude de plusieurs modèles climatiques et des indicateurs de problèmes alimentaires, le rapport constate qu’un « seuil climatique » qui pourrait affecter gravement les cultures agricoles de ces régions serait franchi dans les quarante ans à venir. La saison agricole y deviendrait plus courte, plus chaude et plus sèche. Or les régions affectées sont consacrées en grande partie à l’agriculture et l’élevage. Ainsi , il prévoit des situations catastrophiques dans toute une partie de l’Afrique, l’Inde, l’Amérique latine et même la Chine si, en plus de l’insécurité alimentaire chronique dont elles souffrent déjà, la sécheresse venait à se conjuguer à une augmentation des températures.

Selon cette étude, plus de 400 millions de personnes, régulièrement en insécurité alimentaire, pourraient être exposées de plus à une diminution de 5 % de la saison agricole. Ce qui amènerait en 2050 des périodes favorables à la production agricole de moins de 120 jours : or cette durée est indispensable pour un certain nombre de productions qui constituent la base même de l’alimentation de millions de gens : le maïs par exemple. D’autre part au-delà de 30°C de température, le riz, les haricots et le maïs voient leurs rendements affectés : ainsi le maïs africain par exemple voit son rendement diminuer de 1 % pour chaque journée au dessus de 30°.

Déjà dans certaines régions, les paysans s’adaptent en modifiant leur calendrier de semailles. Mais si la rapidité du changement s’accélère, cela sera insuffisant et il faudra prendre des mesures plus radicales : de nouvelles cultures ou de nouveaux systèmes de culture. Le CGIAR remarque d’ailleurs que des spécialistes de l’amélioration génétique travaillent actuellement sur des variétés adaptées au changement climatique, mais dans certaines régions, c’est la base même de l’alimentation qui devrait être changée : le maïs, produit de base en Amérique latine en raison de la durée plus courte de la saison agricole, les haricots (2ème produit de base dans les mêmes régions) en raison de températures trop élevées, etc. En Afrique, il faudrait développer les cultures vivrières de sorgho ou de manioc car les grandes cultures intensives aggravent encore la situation, car elles sont particulièrement gourmandes en eau.

Les hausses des prix des produits de base de 2008 et 2010 ont prouvé que la sécurité alimentaire est un problème international, avec des retombées sociales importantes, dès lors que le changement climatique limite les possibilités d’un pays à nourrir sa population. Ainsi des millions de personnes, dépendant directement de la production locale pour se nourrir, vivent dans les régions les plus touchées par les changements climatiques. Ainsi les régions les plus vulnérables au réchauffement climatique verraient encore leur situation empirer. Philip Thornton, l’un des co-auteurs de  l’étude, précise :

Le créneau dont on dispose pour mettre en place des solutions novatrices susceptibles de relever de tels défis est limité. De gros efforts d’adaptation doivent être fournis dès maintenant si nous voulons éviter à l’avenir de graves problèmes de sécurité alimentaire et de moyens de subsistance.

Sources : Enerzine, Atlantico

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