La Corée du Sud ne plaisante pas avec l’éclairage : pour faire face aux risques pesant sur l’approvisionnement en pétrole et au dérapage de son prix, en raison des troubles persistants au Moyen-Orient et dans les pays d’Afrique du Nord, le Pays du Matin Calme vient de décider d’interdire tout éclairage « non-essentiel ».
C’est curieux comme l’éclairage semble jouer un rôle important dans la vie des Coréens. Ainsi début 2010, le ministère de la santé avait décidé d’éteindre une fois par mois toutes les lumières de ses bureaux à 19 heures. La raison ? Inciter les employés à rentrer chez eux plus tôt pour… doper la natalité ! Eh oui, la Corée du Sud a besoin d’enfants, car son taux de natalité est au plus bas : 1,08 en 2009. Et les employés du ministère de la santé ne participaient pas suffisamment à l’effort général, avec un taux de natalité à seulement 1,63, contre 1,82 chez leurs autres collègues fonctionnaires.
Cette fois, devant l’urgence du problème, la natalité passe au second plan : ce sont tous les éclairages publics ou presque qui devront être éteints. Déjà lundi à minuit les ponts d’acier enjambant le fleuve Han ont plongé dans le noir. Même chose pour les façades des immeubles résidentiels ou de bureaux, les gratte-ciel et les panneaux publicitaires. Les enseignes de bar, comme les lieux de divertissement en général bénéficient d’une autorisation spéciale jusqu’à 2 heures du matin. Mais pour les stations-service par contre, les panneaux doivent rester éteints toute la journée : histoire d’encourager les Coréens à consommer moins de pétrole ? En tout cas, les fonctionnaires se retrouvent encore une fois en ligne de mire : ils sont priés de laisser leur voiture à la maison au moins une fois par semaine.
Et pour convaincre la population que le gouvernement ne plaisante pas, une amende de 3 millions de wons (environ 2 000 €) est prévue pour les contrevenants, après toutefois une période d’adaptation de sept jours. Il s’agit pour le gouvernement coréen de « viser à limiter l’utilisation non essentielle de l’énergie, de manière à minimiser les inconvénients pour les entreprises et le public ». Séoul est effectivement passé en « alerte jaune », troisième degré d’une échelle qui en compte quatre, après que les cours du pétrole ont dépassé pendant 5 jours consécutifs le prix de 100 dollars le baril sur le marché de Dubaï.
La raison de tout cela se trouve dans les troubles qui secouent les pays arabes et l’Afrique du Nord (la Libye est un gros producteur), et font peser sur le pétrole des menaces très sérieuses : la Corée du Sud importe 97 % de ses besoins énergétiques et 82 % de ses approvisionnements proviennent du Moyen-Orient. De quoi prendre des mesures énergiques ! Après l’inflation des prix alimentaires qui touche durement les ménages coréens, le président Lee Myung-bak multiplie les mesures pour que la hausse des matières premières ne vienne pas menacer la croissance économique du pays (6,1 % en 2010 quand même).
Sources : Le Figaro, Romandie News, RTBF