Testé depuis 6 mois dans 4 départements, le chèque énergie est déjà visé par des attaques dénonçant le fait qu’il ne serait pas avantageux pour beaucoup de ménages précaires. Le Médiateur de l’énergie a décidé quant à lui de prendre la défense de cette mesure de la loi de transition énergétique qu’il a soutenue.
Les attaques des médias…
La précarité énergétique touche actuellement 20 % de la population française (12 millions de personnes). Selon certains médias, le chèque énergie, destiné à remplacer les tarifs sociaux du gaz et de l’électricité et à lutter contre cette vulnérabilité, pourrait en fait faire baisser d’un tiers le montant des aides. Depuis mai, dans les départements qui l’expérimentent, 173 000 chèques énergie ont été envoyés à des ménages précaires. 100 000 d’entre eux ont déjà été renvoyés aux fournisseurs d’énergie. Le Ministère de l’Energie considère ce premier bilan positif. Mais d’autres voix s’élèvent pour dire que : « lorsqu’il sera déployé sur l’ensemble du territoire, il y aura quelques gagnants, mais aussi beaucoup de perdants. » Les ménages cumulant actuellement les deux tarifs sociaux notamment y perdraient.
Ce que reconnait la directrice de l’énergie à la DGEC (Direction générale de l’énergie et du climat) Virginie Schwartz : « Certaines personnes vont toucher moins d’argent qu’auparavant. Mais un échantillon plus large de personnes sera concerné, notamment chez les plus modestes. » Pourtant, selon les calculs des médias, le nombre de bénéficiaires ne serait que de 3,8 millions pour le chèque énergie, alors que les tarifs sociaux avaient été conçus pour toucher 4,2 millions de personnes. Par ailleurs, les tarifs de l’énergie ont augmenté de 35 % depuis 2008 et doivent continuer sur cette lancée. Or, une augmentation de 10 % supplémentaires précipiterait 450 000 personnes de plus dans la précarité énergétique.
et la réponse du Médiateur
Le Médiateur de l’Energie a donc pris la plume pour répondre aux détracteurs du chèque énergie, et aux consommateurs : « Gare à la malinformation ! » Il rappelle l’urgence à réformer le système d’aide aux précaires afin de le rendre plus juste et efficace et précise que le chèque énergie est plébiscité par 73 % des consommateurs. Selon lui, en fait, ce qu’on lui reproche, c’est d’annoncer la fin d’un système en place depuis 10 ans (les tarifs sociaux). Or ces aides constituent, malgré plusieurs réformes, « un système complexe, structurellement inefficace, mais aussi inégalitaire, insuffisant et coûteux » : il est basé sur des critères éligibilité nécessitant le croisement de nombreux dossiers, ces tarifs sont réservés aux consommateurs d’électricité et de gaz (excluant les autres énergies de chauffage), et l’aide moyenne « stagne autour de 100 € » alors que la facture moyenne est de 1 700 €.
Par contre, en ce qui concerne le chèque énergie : « Dispositif unique d’aide au paiement des factures d’énergie, valable pour toutes les énergies de chauffage, et même utilisable pour financer l’amélioration énergétique du logement, il revient à donner au consommateur une liberté inédite : choisir comment et quand utiliser son aide. » Il est aussi plus simple : « En termes pratiques, l’aide repose sur un seul critère d’attribution (revenus fiscaux du foyer dans le logement) et un fichier d’éligibles unique, et sa gestion, confiée à une structure publique, est plus lisible, plus simple, et moins coûteuse ! » Il donne en exemple les Côtes d’Armor, où il bénéficie à davantage de ménages précaires en 6 mois que les tarifs sociaux en 10 ans : il touche 38 % de ménages de plus. Et l’aide bénéficiera à près d’un million de ménages supplémentaires lors de sa généralisation (2018). Bien sûr, reconnaît-il, « le chèque devra être amélioré avec le temps, en particulier sur son montant, ou la garantie du bénéfice des droits liés, lors de la trêve hivernale par exemple » avant de conclure : « tout le monde demande de la simplification, mais quand une mesure va dans ce sens – et c’est le cas du chèque énergie -, on l’accuse immédiatement de tous les vices ! »
Sources : Le Parisien, Le Médiateur National de l’Energie
2 réponses sur “Chèque-énergie : attaque et contre-attaque”
Il est possible de faire une simulation avec l’application « Chèque énergie » sur Google Play.