Un mois presque jour pour jour après avoir inauguré en grande pompes la première usine au monde d’assemblage d’hydroliennes à Cherbourg (Manche), Naval Energies vient d’annoncer l’abandon de ce programme hydrolien. Constatant que ce marché se ferme, l’entreprise préfère concentrer ses efforts sur l’éolien flottant et l’énergie thermique des mers.
Une usine d’hydroliennes inaugurée le 21 juin…
Cette usine, réalisée en 10 mois seulement, devait produire ses deux premières hydroliennes pour le Canada et le Japon et en fournir pour toutes les fermes commerciales en France. Les activités de l’usine devaient monter en cadence progressivement, jusqu’à une production maximale de 25 turbines par an. Le projet Normandie Hydro, porté par EDF Energies Nouvelles et Naval Energies, filière de Naval Group (ex DNCS), prévoyait au Raz Blanchard l’installation de 7 hydroliennes.
A l’occasion de son inauguration, Laurent Schneider Maunoury, Président de Naval Energies, déclarait : « Naval Energies est aujourd’hui en train d’écrire une nouvelle histoire industrielle sur le marché naissant de l’hydrolien. Nous avons la capacité de produire une hydrolienne de 16 mètres de diamètre toutes les deux semaines. La priorité de Naval Energies est d’assurer le succès des projets de démonstration à l’international et de préparer la montée en puissance du projet pilote Normandie Hydro dans le Raz Blanchard. Au-delà, nous avons un besoin urgent de visibilité commerciale et espérons des décisions des Etats, et notamment de la France, pour le lancement d’un appel d’offres pour des fermes commerciales. »
Et fermée un mois plus tard
Mais Naval Energies a annoncé le 26 juillet avoir décidé de mettre fin à ses activités dans l’hydrolien : « Les contacts que nous avons eu avec les autorités montraient qu’il n’y avait rien à attendre de significatif » dans la future feuille de route énergétique que le gouvernement doit finaliser d’ici la fin de l’année, a expliqué à l’AFP un porte-parole de Naval Energies.
Selon le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire effectivement, « les études montrent que la filière hydrolienne n’est pas encore au stade de développement industriel, que la technologie ne fonctionne pas assez bien pour un développement à grande échelle« . La question se pose donc pour l’avenir du parc pilote qui devait être lancé au Raz Blanchard, une des zones au potentiel le plus important dans le monde.
Naval Energies, constatant que « le marché se ferme » détaille : « L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), dans le cadre du débat public sur la Programmation Pluriannuelle de l’Energie en France, ne prévoit que 100 à 150 MW installés d’ici 2028, soit 50 turbines de 2 MW dans dix ans. Le Royaume-Uni a fait le choix depuis deux ans de ne pas subventionner spécifiquement l’hydrolien et donc d’exiger des coûts au même niveau que l’éolien posé, ce qui n’est pas possible pour une technologie qui démarre. Au Canada on constate aussi une sensibilité très importante au coût de la technologie« .
Laurent Schneider-Maunoury, Président de Naval Energies, déclare : « C’est avec regret mais responsabilité que nous prenons cette décision d’arrêter nos investissements dans l’hydrolien. Ce choix s’impose à nous aujourd’hui. La dégradation de la situation du marché, en France et dans le monde tout au long de ces derniers mois, s’est traduite par une absence de perspectives commerciales qui ne nous permet pas de financer seuls plus longtemps le développement des activités hydroliennes. Dans ces conditions, il devenait déraisonnable de poursuivre les investissements car cela aurait conduit à un épuisement des ressources de l’entreprise et donc in fine à l’affaiblissement de Naval Energies. L’entreprise Naval Energies concentre désormais son développement autour de deux technologies d’avenir : l’éolien flottant et l’énergie thermique des mers, qui reçoivent le soutien des autorités publiques« .
Cependant d’autres acteurs plus spécialisés restent engagés, à l’image du breton Sabella, dont l’hydrolienne, de nouveau testée dans quelques semaines près de l’île d’Ouessant (Finistère), est la seule à ce jour à avoir injecté du courant sur le réseau.
Sources : AFP, Naval Energies