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Chine : l’agriculture en question

la pollutionL’agriculture chinoise est, année après année, secouée de scandales, d’ailleurs révélés pour une bonne partie par les scientifiques chinois eux-mêmes. Après le scandale de la mélamine dans le lait en 2008, de la viande de porc trafiquée, c’est maintenant le riz pollué et encore plus récemment les pastèques qui explosent qui animent l’actualité. En effet des dizaines d’années d’industrialisation à tout va, sans contrôle aucun de l’impact, ni sur les hommes, ni sur l’environnement, produisent aujourd’hui encore des résultats jusque dans les assiettes.

Lors d’un séminaire sino-français sur l’environnement en 2010, le directeur des lois sur l’environnement de l’université de Wuhan avait déjà révélé que la surface des terres cultivables polluées en Chine approchait les 20 millions d’hectares, soit environ un cinquième de la totalité des terres cultivables et parlait déjà de métaux lourds comme le cadmium, le plomb, le chrome mais aussi l’arsenic. Grâce à des études discrètement menées depuis 2007, d’autres scientifiques chinois révèlent, quand à eux, qu’à cause de ces éléments toxiques qui ont pollué non seulement les sols mais aussi les nappes phréatiques, toute la chaîne alimentaire chinoise est aujourd’hui contaminée.

Par exemple, le riz, qui représente dans beaucoup de régions de Chine la base de l’alimentation, présente une grande capacité à se charger en cadmium. Les scientifiques estiment que 20 millions de tonnes, soit 10 % de la récolte annuelle, sont ainsi contaminées par des métaux lourds :

Dans les zones aux sols acides connus pour être gravement pollués, nous avons découvert que 60% des échantillons de riz prélevés contenaient des niveaux de cadmium qui dépassent les normes. C’est un risque potentiel pour la santé.

Les agriculteurs qui consomment leurs récoltes en sont les premières victimes, mais ce riz est aussi commercialisé partout en Chine, et les habitants des zones non polluées se retrouvent tout autant exposés. L’association Greenpeace a déjà attiré l’attention sur le riz importé de Chine, notamment en raison de riz OGM non autorisé en Europe. Mais le riz chinois pollué se retrouve aussi en Europe et particulièrement sous forme de produits transformés.

Et bien entendu, les effets ne sont pas circonscrits au riz. D’autres cultures sont aussi concernées au même titre : ainsi des chercheurs de l’institut Roswell Park sur le cancer ont aussi relevé des taux anormalement élevés de métaux lourds dans des cigarettes produites en Chine, jusqu’à trois fois plus élevés que dans les cigarettes occidentales. L’origine en serait, selon eux, là aussi le tabac cultivé sur des sols contaminés. Et quand on sait que la Chine est à la fois le premier producteur de tabac et le pays le plus  consommateur de cigarettes au monde, on imagine assez bien les conséquences sur les fumeurs chinois et le taux de cancer qu’ils développent.

Cette contamination concerne bien entendu d’autres produits de l’agriculture. A un tel point d’ailleurs que cette contamination aux métaux lourds est jugée encore plus grave que celles aux pesticides. Or en matière de traitements chimiques des cultures, des dizaines d’années d’habitude d’utilisation de pesticides ont rendu les agriculteurs peu regardants, comme en atteste cette information provenant des médias chinois, où dans la province orientale du Jiangsu, des agriculteurs ont ainsi vu leurs pastèques exploser en plein champ. 50 hectares de culture ont ainsi été perdus. En cause, vraisemblablement un produit contenant du forchlorfenuron dont ils avaient la veille aspergé leurs cultures.

Cette substance légèrement radioactive est utilisée comme accélérateur de croissance, car elle favorise la division des cellules et augmentent ainsi la taille des fruits – son utilisation dépasse les seules pastèques. Ce n’est pas un produit interdit à la vente, mais il doit être utilisé avec des précautions et à très faible concentration. Bien que d’autres médias aient parlé de très fortes précipitations, on peut cependant s’interroger sur la confiance que les consommateurs chinois gardent dans leur production agricole – et dans leur alimentation en général – car les engrais chimiques , aussi bien que les pesticides,  y sont encore massivement utilisés.

Sources : Novethic, Le journal de l’Environnement, Le Nouvel Observateur, Greenfutur, Ushuaia (image)

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