Premier producteur mondial de charbon (38 % des volumes), la Chine était jusqu’en 2007 un pays exportateur de charbon. Depuis 2008, elle est devenue importatrice et les importations ont bondi de 212 % (125,8 millions de tonnes) en 2009 par rapport à l’année précédente. Les experts en prévoient 170 millions pour l’année 2010, ce qui lui confère la place de premier importateur de charbon.
D’une part, le pays a un besoin croissant d’énergie, et celle-ci s’appuie en grande partie sur le charbon ; d’autre part, il a des objectifs à tenir en matière d’efficacité énergétique et ceux-ci risquent d’être compromis. C’est ce qui explique deux déclarations récentes du gouvernement chinois : d’une part, il demande aux producteurs locaux de charbon de ne pas augmenter leurs prix pour les fournisseurs d’électricité ; d’autre part, il menace de réduire les aides, et s’il le faut les fournitures d’électricité, dans les zones où la consommation affiche une croissance excessive.
En 2008, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’Empire du Milieu a consommé 40 % de la production mondiale de charbon et la moitié du pétrole consommé dans toute l’Asie. Sa croissance rapide et l’élévation du niveau de vie de ses 1,3 milliards d’habitants ne lui laissent pas d’autre choix que l’utilisation des énergies fossiles pour sa production d’électricité, d’autant que le charbon reste, en zones rurales, à la fois accessible et bon marché.
Ce dernier assure à lui seul 65 % de l’énergie primaire consommée en Chine, et 80 % de sa production d’électricité. Et les prévisions 2007-2030 font état d’une Chine à l’origine de 65 % de la croissance mondiale de la consommation de charbon. Car pendant ce temps-là la demande mondiale doit continuer à croître d’environ 1,9 % par an, mais celle de la Chine de 2,9 %.
La hausse de la demande de charbon résulte presque exclusivement de l’usage électrique : actuellement à travers le pays, deux centrales thermiques de 500 MW sont mises en service chaque semaine. Pourtant, parallèlement, la Chine fait de gros efforts pour s’équiper en énergies renouvelables et les premiers résultats sont encourageants. Ainsi en 2009, c’est le pays qui a le plus investi dans ce domaine, devant les Etats-Unis. Elle a mis en place une capacité de 37 GW de production d’énergies renouvelables et une augmentation de la puissance éolienne installée de 13 GW à 19 GW, selon les sources, l’année dernière. Au total, elle a investi 31,6 milliards d’euros dans les technologies vertes, contre 22, 7 milliards d’euros pour l’Europe (selon une étude de l’agence Bloomberg). Ses investissements dans ces domaines étaient même peut-être supérieurs à ceux engagés dans les énergies fossiles. D’autre part, le développement nucléaire a aussi commencé.
Mais sans pétrole, et surtout sans charbon, cela ne suffit pas. Le charbon risque de rester pendant longtemps encore, un combustible sans sérieux concurrent. Son indépendance énergétique en dépend en grande partie.
Sources : Le Monde, Novethic, IFP, Jobenergies, Le Figaro Environnement, Ouest-France (image)