La Chine a annoncé fin décembre un moratoire de trois ans sur l’ouverture de nouvelles mines de charbon, une mesure qui s’ajoute à la volonté d’en fermer un millier en 2016. La pollution atmosphérique importante, dont souffre le pays et qui a conduit par deux fois au déclenchement d’une alerte rouge au mois de décembre dernier, est en large partie due à cette source d’énergie particulièrement polluante.
Un millier de houillères ont déjà été fermées au cours de l’année 2015 en Chine et le gouvernement estime pouvoir en fermer mille autres en 2016 : il évalue cependant encore à 3,96 milliards de tonnes sa consommation de charbon pour cette année. Cela ramènerait la part de la houille à 62,6 % de son mix énergétique, contre 64,4 % à l’heure actuelle, alors qu’elle en assurait près de 70 % en 2011. Certes la Chine est le premier émetteur de gaz à effet de serre du monde et cherche maintenant à les réduire, mais il s’agit plutôt d’une mesure économique plus qu’environnementale. Car, selon Huw Slater, analyste pour l’organisation non gouvernementale China Carbon Forum, « s’il s’agissait de lutter contre la pollution, le gouvernement prendrait des mesures plus directes. »
Après avoir explosé pendant une dizaine d’années en raison de la demande chinoise, les prix du charbon sont en effet maintenant au plus bas et les mines du pays souffrent d’importantes surcapacités, notamment dans la phase de ralentissement économique que traverse actuellement le pays. Ce plan permettra de réduire les extractions de houille de 60 millions de tonnes par an.
Le secteur du charbon se retrouve maintenant en Chine dans une situation délicate : ainsi le premier exploitant minier dans le nord-est du pays, le groupe Longmay, a annoncé à l’automne dernier la suppression de 100 000 emplois. Il s’agit d’un groupe public : en effet, le marché de l’énergie y reste largement dominé par les entreprises d’Etat. « La Chine doit tout faire pour restructurer et éliminer les capacités obsolètes, en interdisant la construction de nouvelles infrastructures » a récemment déclaré le Premier Ministre chinois, Li Keqiang.
Cependant ce moratoire instauré principalement pour des raisons économiques aura cependant des effets heureux sur l’environnement : ces mines étant déjà en elles-mêmes particulièrement polluantes. De plus, malgré les alertes récentes, l’air de Pékin s’est, selon les autorités locales, amélioré sur l’ensemble de l’année 2015 : la concentration de particules fines (PM2,5) y a atteint 80,6 microgrammes par mètre cube en moyenne (μg/m3), soit une baisse de 6,4 % ar rapport à 2014 et de 10 % par rapport à 2013. A titre de comparaison, elle était de 15 μg/m3 sur la station de mesure de Paris centre en 2014.