En prévision de la COP24 (Conférence des Parties sur le climat), qui va se dérouler à Katowice (Pologne), le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a présenté son Rapport 2018 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il appelle à une multiplication par 3 des efforts et des actons en faveur du climat, pour atteindre l’objectif d’un réchauffement planétaire limité à 2°C à la fin du siècle.
Le Rapport du PNUE
Le Rapport du PNUE présente chaque année l’écart entre les niveaux d’émissions de gaz à effet de serre prévus pour 2030 et les niveaux correspondant à l’objectif de maintien de la hausse des températures à 2° ou 1,5°C. Ses conclusions confirment que les émissions mondiales ont atteint des niveaux historiques : 53,5 gigatonnes équivalent CO2 (Gt éq.CO2). Sans qu’aucun signe n’indique actuellement qu’elles aient atteint leur pic, soit le moment où elles n’augmenteront plus et inverseront leur courbe.
En effet, après une stabilisation de 3 ans, les émissions de CO2 sont de nouveau orientées à la hausse. Cela démontre clairement que les engagements nationaux pour lutter contre le réchauffement climatique sont insuffisants. Selon les auteurs du rapport, seuls 57 pays (correspondant à 60 % des émissions mondiales) parviendraient au pic de leurs émissions d’ici 2030.
Des mesures climat insuffisantes
Le rythme des mesures actuelles, prises à la suite de l’Accord de Paris, reste insuffisant pour atteindre les objectifs climat. Les pays doivent multiplier par 3 leurs ambitions afin d’atteindre le scénario 2° et par 5 pour atteindre celui de 1,5°. « Si le rapport du GIEC était l’alarme incendie du monde, ce rapport constituerait l’enquête sur l’incendie criminel« , déclare la Directrice exécutive d’ONU Environnement par intérim, Joyce Msuya. « Les preuves scientifiques sont claires : bien que nous ayons été témoins d’une action climatique ambitieuse, les gouvernements doivent agir plus rapidement et avec un plus grand sentiment d’urgence. Nous alimentons le feu alors que les moyens de l’éteindre sont à notre portée. »
Selon le Rapport, si les tendances actuelles se poursuivent, elles entraîneront un réchauffement climatique de 3° d’ici la fin du siècle. Les températures continueront ensuite à augmenter de manière continue.
« Néanmoins, le dynamisme du secteur privé et le potentiel inexploité de l’innovation et du financement vert offrent des pistes pour combler l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions. » Ainsi, selon les auteurs, il est encore possible de maintenir le réchauffement climatique en deçà de 2°. Mais l’avertissement est clair : il faudrait prendre des mesures drastiques et à grande échelle et on ne les a pas encore vu se profiler.
Politique fiscale et innovation
Le Rapport propose une feuille de route pour la mise en œuvre de ce type d’actions, nécessaire pour optimiser le potentiel de chacun des secteurs. Diverses organisations mondiales évoquent un potentiel de réduction d’émissions de 19 Gt éq.CO2 avant 2030. Cette réduction serait suffisante pour atteindre le scénario 2°, et même plus en l’accompagnant d’une politique fiscale soigneusement conçue.
« Quand les gouvernements adoptent des mesures fiscales pour subventionner des solutions à faibles émissions et taxer les combustibles fossiles, ils peuvent stimuler les investissements appropriés dans le secteur de l’énergie et réduire considérablement leurs émissions de carbone« , déclare Jian Liu, Directeur scientifique de l’ONU Environnement. « Heureusement, le potentiel d’utilisation de la politique fiscale en tant qu’incitation est de plus en plus pris en compte : 51 initiatives de tarification du carbone sont en œuvre ou en cours de planification, couvrant environ 15% des émissions mondiales. Si toutes les subventions aux combustibles fossiles étaient supprimées, les émissions mondiales de carbone pourraient être réduites de plus de 10% d’ici 2030. Il est également essentiel de fixer un prix du carbone adéquat. À un coût de 70 USD par tonne de CO2, il est possible, dans certains pays, d’atteindre des réductions d’émissions de 40%. »
Des solutions innovantes permettraient encore d’améliorer ces trajectoires. Elles doivent cependant prendre en compte plusieurs principes dont :
- L’acceptation des risques dans l’exploitation commerciale,
- L’alignement économique global,
- Des approches ciblées sur des missions spécifiques,
- La perspective à long terme pour accroître l’intérêt de la finance.
Source : PNUE