Selon le onzième bilan annuel du Global Carbon Project, réalisé par des scientifiques du monde entier, les émissions de CO2, issues de la combustion des énergies fossiles, se révèlent stables pour la troisième année consécutive. Une bonne nouvelle, certes, mais hélas insuffisante pour contenir le réchauffement climatique.
La décennie précédente avait été marquée par la hausse continue des ces émissions, à une moyenne de 2,3 % par an. Le rythme s’est ensuite ralenti pour arriver à 0,7 % en 2014, et on s’attend à 0,2 % pour 2016. Cette « rupture » a, selon les auteurs du Global Carbon Project, été permise grâce à la Chine qui a réduit son recours au charbon. Celle-ci, premier émetteur mondial avec 29 % des rejets de gaz à effet de serre, a vu baisser ses émissions de 0,7 % en 2015, contre une majoration de 5 % par an lors de la dizaine d’années précédentes.
Selon l’auteure principale, Corinne Le Quéré, de l’université britannique d’East Anglia, « Cette 3e année quasiment sans croissance d’émissions est sans précédent en période de forte croissance économique. C’est une contribution essentielle à la lutte contre le changement climatique, mais ce n’est pas assez : les émissions mondiales doivent maintenant baisser rapidement, pas seulement cesser de croître. » En effet, pour tenir les objectifs fixés par la COP21 à Paris en 2015, à savoir limiter à moins de 2° C la hausse moyenne de la température sur la Terre, les émissions de gaz à effet de serre devraient baisser au rythme de 0,9 % par an en moyenne jusqu’en 2030. Le monde a déjà émis les deux tiers de ce qu’il pouvait se permettre pour ne pas franchir ce seuil, et au rythme actuel, la totalité sera émise d’ici moins de 30 ans. « Si les négociateurs pouvaient à Marrakech trouver l’élan pour accélérer encore les réductions d’émissions, nous ferions un sérieux pas dans la lutte climatique« , insiste Mme Le Quéré.
La concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère n’a jamais été aussi élevée qu’en 2015 où elle a dépassé les 400 parties par million (ppm). « En 2015 et 2016, les forêts ont pu absorber moins de CO2 du fait de la chaleur liée notamment au phénomène El Nino » explique la scientifique. De plus, certains pays n’ont guère fait d’effort. Si les Etats-Unis (deuxième émetteur mondial) ont réduit de 2,6 % leurs émissions l’année dernière et parviendront probablement à -1,7 % en 2016, ce n’est ni le cas de l’Union Européenne, qui, après de longues périodes de recul, a connu une hausse de 1,4 % de ses émissions en 2015, ni, et encore moins, celui de l’Inde qui a, quant à elle, continué à voir ses émissions grimper (+5,2 % en 2015).
Mais, et ce n’est guère rassurant, les scientifiques soulignent que « les émissions déclarées ne peuvent pas encore être contrôlées à l’aide de données indépendantes, du fait que nous ne sommes pas encore en mesure de calculer précisément les flux de carbone dans l’environnement naturel. »
Sources : Consoglobe, Connaissance des Energies, Le Monde
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