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CO2 et acidification des océans

Le dioxyde de carbone présente deux conséquences aussi graves l’une que l’autre : d’une part, l’aggravation de l’effet de serre, d’autre part l’acidification des océans qui peut porter atteinte aux écosystèmes marins et à la chaîne alimentaire de la faune marine. Pour étudier ce phénomène et faire le point sur l’état actuel, l’Europe finance le projet EPOCA.

Le projet EPOCA

L’un des volets du projet consiste à étudier les effets de ce mécanisme d’acidification. Une centaine de scientifiques travaillent actuellement sur ce thème. L’étude a commencé à Ny-Alesund, ancien village minier de l’archipel du Svalbard (Spitzberg), à quelques 78° de latitude nord. Lieu choisi car il présente deux avantages : les eaux très froides absorbent plus de CO2 et ces eaux de l’Arctique sont très riches en ressources de pêche.

Depuis la révolution industrielle (plus de deux siècles), les quantités de CO2 rejetées dans l’atmosphère se sont très rapidement accrues. Aujourd’hui, il s’agit de 9 milliards de tonnes émises chaque année. On sait que les océans  absorbent 25 à 30 % des quantités émises. Mais, dans ce même laps de temps de deux siècles, l’acidité des océans a augmenté de 30 %. Selon une modélisation établie par les scientifiques, si les émissions de gaz à effet de serre continuent à ce rythme, en 2100, l’acidité aura augmenté de 100 %.

Le CO2 se dissout dans l’eau de l’océan et donne de l’acide carbonique : le PH change donc. Philippe Saugier, chargé de la vulgarisation du projet EPOCA, explique :

De petits ajouts peuvent déjà modifier la concentration marine en ions carbonate. Ce sont ces éléments chimiques dont ont besoin les organismes calcificateurs, ces êtres vivants comme les coquillages, les coraux ou le microplancton qui fixent le calcium dans l’eau pour construire leur squelette, leur coquille ou leur structure.

La théorie des scientifiques

La théorie des scientifiques est la suivante : si le seuil d’acidité vient à être dépassé, l’eau deviendrait corrosive pour ces minuscules organismes et dissoudrait leur structure calcaire. Or ils représentent les maillons de base de la chaîne alimentaire marine. Le projet EPOCA cherche à confirmer cette théorie.

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source : ird.nc

Pour observer ce phénomène, les chercheurs d’EPOCA, aidé par Greenpeace, ont installé dans les eaux très froides de l’Arctique neuf mésocosmes, sorte de sacs plastiques géants qui contiennent 55 m3, et dans lesquels ils peuvent augmenter la concentration d’acide carbonique et observer la réaction des micro-organismes qui y vivent. Ils s’intéressent particulièrement à un minuscule mollusque dont se nourrissent volontiers saumons et baleines. Très sensibles au PH de l’eau, ils ne pourront plus fabriquer leur  coquille selon la modélisation 2100. Mais les scientifiques constatent que le seuil d’acidité qu’ils peuvent supporter sera atteint, en suivant le rythme actuel, entre 2016 et 2045.

Actuellement cet impact semble encore mineur, mais la situation se dégrade. D’autant plus que l’on constate un décalage entre les rejets de CO2 dans l’atmosphère et la concentration d’acide carbonique dans l’eau. Une fois le CO2 absorbé, aucune solution n’existe : seule la nature peut y remédier, mais ce processus peut prendre des milliers d’années. Un des chercheurs, Jean-Pierre Gattuso, explique :

C’est pourquoi il faut aussi inscrire clairement cette question de l’acidification dans l’agenda lié à la nécessité de réduire les émissions de CO2 au niveau mondial, et développer les recherches, tant les incertitudes restent nombreuses.

Le projet EPOCA n’est pas le seul de ce type dans le monde : un autre projet, aux États-Unis cette fois, regroupant l’administration océanique et atmosphérique américaine et d’autres agences gouvernementales, se met en place avec apparemment des moyens financiers bien supérieurs au projet européen.

Source : FEDRE (Fondation Européenne pour le Développement durable des Régions)

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