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Comment agir pour une consommation et une production durable (2)

Consommation et production durableL’ADEME, après avoir présenté, dans Stratégies & Etudes, les premiers éléments de quantification de l’impact environnemental de la consommation de biens et services en France (voir l’article précédent), propose des leviers d’actions tant pour le producteur que pour le consommateur, pour consommer et produire durablement.

Encore des progrès à accomplir

Il existe en effet, selon l’agence, des gisements importants d’amélioration des impacts dès la conception du produit. On peut agir sur les processus de fabrication et de logistique, et à l’aide d’une démarche d’éco-conception. Même pour les produits ayant déjà fait l’objet de gros progrès, le gros électroménager par exemple, d’autres possibilités existent encore. Parmi elles des améliorations comme dans l’isolation des réfrigérateurs, mais aussi des innovations technologiques comme les parois sous vide pour les réfrigérateurs, l’utilisation de pompes à chaleur pour les sèche-linge et bientôt pour les lave-linge. Cela ne doit pas plaider pour autant pour un renouvellement accéléré de ces appareils, mais l’analyse montre bien qu’il existe encore des marges de progression à long terme pour ces équipements.

Une alimentation différente ?

Le consommateur a aussi son rôle à jouer par ses choix de consommation. Par exemple, dans l’alimentation, une piste d’action envisageable pour consommer durablement a été identifiée dans la modification du régime alimentaire. Les Français sont en effet actuellement en surconsommation par rapport aux besoins estimés par les nutritionnistes : ils ingèrent en énergie moyenne 3 500 kcals par jour pour un besoin moyen estimé à 2 700 kcals par jour. Une réduction de cette surconsommation permettrait un gain théorique de 30 % d’émissions de gaz à effet de serre sur ce poste.

Plus de la moitié de l’impact carbone serait imputable, selon une étude INRA/ADEME, aux produits issus de l’élevage : leur réduction est une piste d’action, mais il existe des limites à la substitution d’aliments, car les régimes offrant une meilleure qualité nutritionnelle présentent un impact carbone légèrement plus élevé (substitution de produits à forte densité énergétique par des quantités plus importantes de fruits et de légumes pour répondre à une même demande énergétique). Mais remplacer certains aliments par d’autres constitue un autre gisement potentiel : consommer les produits de saison par exemple.

Des mesures incitatives

Des mesures incitatives pour le consommateur et le producteur sont importantes. Certaines ont déjà fait preuve de leur efficacité : l’étiquette énergie mise en place à partir de 1992 par exemple, apposée sur un nombre toujours croissant d’appareils électroménagers. Il s’agit là d’un premier acquis de l’information environnementale. La mise en place d’un affichage environnementale avec un spectre beaucoup plus large fait actuellement l’objet d’une expérimentation.

L’incitation économique est aussi un outil puissant, mais « délicat à calibrer » . On en a actuellement un exemple avec les bonus/malus automobiles. Si l’objectif premier  (la réduction des émissions de CO2 des voitures circulant en France) a largement été atteint, il faut cependant prendre en compte dans le bilan d’autres éléments : le nombre d’acquisitions de véhicules par les ménages, la répartition entre véhicules neufs et d’occasion et l’évolution des kilomètres parcourus (effet rebond). Ce dispositif s’est d’autre part traduit par un déficit important pour l’état entre 2008 et 2012, faute d’ajustements réguliers des barèmes.

Pour aller vers des « production et consommation durables » , l’information environnementale à elle seule n’est pas forcément suffisante pour inciter le consommateur à choisir des produits plus respectueux de l’environnement. En effet, d’autres facteurs interviennent dans le choix : routine, prix, mise à disposition d’une offre adéquate…

En ce qui concerne les entreprises, les actions touchant les consommateurs peuvent avoir une influence directe sur leur offre (par exemple, les étiquettes énergie) Mais d’autres modes d’actions leur sont spécifiques : les directives Ecodesign et IPPC (Integrated Pollution Prevention and Control) fixant des technologies avec des niveaux de performance minimaux, et diverses incitations fiscales.

Un des enjeux de la démarche de « production et consommation durable » est de coordonner ces différents moyens d’intervention complémentaires dans un souci de cohérence et de clarté d’orientation. Ceci nécessite de définir des objectifs précis et partagés dans une approche dite intégrée.

Source : Stratégies & Etudes n°37

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