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Comment gérer les nouveaux défis des eaux polluées ?

hélène budzinskiUniverscience.tv a demandé à deux chercheuses en sciences de l’environnement (Hélène Budzinski (laboratoire de chimie de l’environnement, CNRS-université de Bordeaux) et Cécile Delolme (laboratoire d’écologie des hydrosystèmes, CNRS-université Lyon-I) d’expliquer comment le traitement de l’eau doit maintenant faire face à des polluants « émergents » comme les médicaments, les produits cosmétiques, les détergents que l’on retrouve dans les eaux usées et pour lesquels la science manque de données en terme de toxicité. A côté des eaux usées, les eaux de ruissellement présentent aussi des défis dont il convient de prendre la mesure.

Les polluants émergents

Qu’est-ce qu’un contaminant dit « émergent » ? Pas obligatoirement un composé récent, mais plutôt un composé sur lequel on manque de connaissances pour qualifier son impact et sa toxicité, voire sa présence, pour l’ensemble des écosystèmes considérés. Ces polluants émergents sont des produits de consommation courante, dont la formulation contient un grand nombre de composés. Des composés chimiques donc, issus des produits de grande consommation que l’on utilise quotidiennement, par exemple un produit solaire qui va s’éliminer lors de la douche et partir avec les eaux usées.

Ce sont aussi des médicaments : et il existe environ 4 000 composés potentiels, qui amènent à un problème quasi insoluble en termes de qualification de présence ou d’études. Les chercheurs doivent donc faire des choix. Par exemple, un composé de médicament antiépileptique : on a pu qualifier sa présence, mais on manque d’études pour assurer avec précision que ce composé représente un problème majeur pour l’environnement, il ne rentre donc pas dans les listes réglementaires. Autre exemple : les psychotropes, des études en laboratoire ont montré qu’ils avaient un effet sur le comportement des poissons, qui deviennent moins virulents pour la prédation, ce qui peut amener à un changement de la chaîne alimentaire et tout l’écosystème peut en être impacté.

Il ne faut pas en oublier pour autant les polluants classiques, étudiés depuis des décennies (métaux lourds, pesticides, dioxines…). Ceux-ci sont toujours présents et les chercheurs se retrouvent démunis face à un nouveau problème : celui de « l’effet mélange » qui reste encore un objet d’études. Or tous ces produits qui coexistent sont souvent mal éliminés par les stations d’épuration.

Et les eaux pluviales ?

On met également de plus en plus l’accent sur la gestion des eaux pluviales qui ruissellent en milieu urbain sur des surfaces imperméables (toits, asphalte…), souvent en grand volume et très rapidement. Elles se chargent d’un mélange de contaminants, en grande quantité, en provenance de l’atmosphère, des bâtiments, des voiries, etc. Cela représente donc de grands volumes d’eau à traiter avant de les rejeter dans le milieu naturel. Ce traitement est désormais déconnecté du traitement des eaux usées car elles doivent subir un traitement spécifique.

Le long des autoroutes, dans les zones industrielles ou commerciales, elles sont dirigées vers de grands bassins où elles décantent, ce qui permet de récupérer les matériaux qu’elles contiennent – véritable concentration de la pollution urbaine – et de les valoriser, dans la mesure du possible ou de les gérer. Ce sont soit des  contaminants persistants (type métaux lourds), c’est à dire non-dégradables, soit des polluants organiques qui ont des temps de séjour ou de résistance à la dégradation très longs (plusieurs dizaines d’années, voire 100 ans). L’essentiel est donc de savoir où va se stocker cette concentration de matériaux afin de mieux la traiter.

Comment limiter la pollution des eaux ?

Plusieurs pistes sont proposées qui passent par l’information, la formation et l’éducation. D’une part, il est nécessaire d’améliorer le lien entre la production de molécules et son effet sur l’environnement, améliorer donc la formation des gens qui les conçoivent et les produisent pour soigner ou avoir un effet quelconque (chimistes, pharmaciens…) pour qu’ils prennent aussi en compte dans la production de ces molécules leur devenir, leur toxicité et leur dégradabilité afin de réduire leur impact sur l’environnement. Le règlement européen va d’ailleurs dans ce sens.

Mais au niveau des particuliers, il est aussi possible d’agir en évitant de surconsommer des médicaments ou d’autres produits. De même, il ne faut pas se débarrasser des médicaments inutilisés ou périmés en les jetant dans les lavabos, les toilettes, ou même à la poubelle. Et là-aussi, cela relève à la fois de l’éducation et de la formation des populations.

Source : Le Monde

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