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Conséquences du changement climatique : Riesling et Bourgogne même combat

La France est bien connue dans le monde pour être « le pays du vin ». Cette réputation mais aussi tout le système d’appellation unique en France par sa complexité sont menacés, d’ici la fin de ce siècle, par le réchauffement climatique.

Ce dernier risque de malmener la règle viticole mondiale et ancestrale selon laquelle la vigne se cultive entre les 30èmes et 50èmes parallèles Nord et Sud. C’est, en effet, dans ces deux zones géographiques que la vigne trouve les climats qui conviennent à son métabolisme.

Une étude de Greenpeace (septembre 2009) analyse les impacts du changement climatique sur les vins en France dans un contexte international. Les hausses de températures mènent à :

  • une hausse du degré d’alcool et du taux de sucre tout en baissant l’acidité du raisin ce qui menace la typicité du vin,
  • modification du calendrier de viticulture. Le temps de mûrissement à maturité des raisins a été réduit de 50 à 40 jours (entre 1973 et 2006) ce qui conduit donc à des vendanges précoces (de 12 à 13 jours pour le Pinot Noir).
  • une baisse de production, lors des pics de température, de l’ordre de 30% environ, ce que les scientifiques estiment préoccupant pour la profession car les étés comme 2003 peuvent devenir monnaie courante d’ici la fin du siècle,
  • des risques environnementaux globaux tels que l’apparition de nouvelles maladies provenant du Sud (flavescence dorée), risque accru du fait de pluies torrentielles,  floraison précoce (mars) augmentant les risques de gelée (avril), pourriture accrue des raisins…
  • une modification de la spécificité du vin : le Pinot Noir, qui fait la particularité des vins de Bourgogne (son terroir d’origine) a atteint sa limite en capacité d’adaptation. Particulièrement sensible aux aléas climatiques, le Pinot Noir est amené, à terme, à disparaître de la région pour laisser place à d’autres cépages, plus robustes.

A long terme, les actuelles conditions climatiques en Bourgogne qui donnent sa spécificité à son vin auront disparu puisque cette région sera confrontée à un climat de type « méditerranéen ». En outre, aucune autre région française ne pourra produire des vins semblables puisque la spécificité des vins de la Bourgogne a été développée sur ce terroir bien particulier.

Evolution vignes en France
Source : Greenpeace

Si rien n’est entrepris pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter la hausse à 2°C, une des conséquences sur l’éco-système est le déplacement des vignobles d’environ 1.000 km en dehors de leurs limites naturelles avant la fin du siècle. Ainsi, le Bordeaux serait produit en Grande-Bretagne, et le Champagne en Norvège…et en France les vins méditerranéens ! Un signe déjà: en Bourgogne, il devient de plus en plus difficile de produire des vins fins avec du Pinot Noir, dont c’est pourtant le territoire traditionnel.

Même constat chez nos voisins allemands.

« Jusqu’à présent, les vignerons allemands ont figuré parmi les gagnants du réchauffement climatique », relève Hans R. Schultz, chercheur à l’Institut de recherche vinicole de Geisenheim dans la région du Riesling. « Depuis 1987, il n’y a plus eu de cuvées catastrophiques car la hausse des températures permet au raisin de développer tout son arôme ». Mais le chercheur tempère son propos : « Lorsqu’il fait chaud et humide pendant trop longtemps, le raisin pourrit et le problème des insectes nuisibles grandit. Par ailleurs, nous devons faire face dans notre région à de grandes alternances entre chaud et froid, entre orages violents et période de sécheresse ».

Alors, quelles solutions face à ce phénomène inéluctable ?

Certains vignerons allemands n’ont pas hésité à planter les premiers cépages de Riesling… en Norvège. Cette solution, extrême, ne fait pas l’unanimité de la profession en Allemagne. D’autres, prônent le « retour aux sources » avec la culture écologique de la vigne. Comme l’héritier du domaine A. Christmann (existant depuis 1693) qui se montre confiant sur le fait de pouvoir préserver la qualité de son riesling, sachant qu’une terre cultivée écologiquement agit « comme une éponge ». Elle est capable par exemple de mieux capter et préserver l’eau, éludant ainsi la question de l’irrigation extérieure des vignes.

Alors, entre ces deux démarches, les vignerons allemands ont adapté leurs méthodes vinicoles. Si, auparavant, il était nécessaire de couper les feuilles des vignes pour permettre au soleil de mûrir le raisin, dorénavant, on les laisse pour protéger le raisin des rayons du soleil – dont les effets sont amplifiés par le positionnement géographique des grands domaines du riesling (effet de réverbération du Rhin). Certains ont également fait le choix d’autres cépages, comme le « Hélios » ou le « Johanniter », qui ont la réputation d’avoir un feuillage plus épais, donc plus protecteur contre les effets du soleil et contre les parasites de la vigne.

Au moins une chose est rassurante dans cette étude : les viticulteurs ne manquent pas d’imagination pour préserver la typicité de leur vin.

Sources : Novethic, étude de Greenpeace sur les vignobles français (en anglais)

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