Wivaldy est un site qui analyse la consommation d’électricité en temps réel de foyers équipés du compteur Linky pour les aider à comprendre leurs habitudes et usages. Il nous livre une étude à chaud sur le fort impact du confinement sur la consommation d’électricité domestique qui apporte cependant quelques enseignements intéressants. Entre départs qui font fortement diminuer la consommation et arrivées qui la font augmenter dans certains logements, une majorité de gens restés chez eux n’ont pas fortement modifié leur consommation
Un changement de rythme de la consommation domestique
Cette étude ne porte que sur les foyers suivis par le site, donc n’est pas obligatoirement représentative de la population française. D’autre part, prévient le site, « les logements inscrits chez Wivaldy sont principalement des résidences principales, et ainsi les surconsommations dues aux arrivées dans les résidences secondaires sont sûrement sous-estimées« . La comparaison porte sur la première et la dernière semaine du mois de mars : soit une période avant le confinement et la seconde en plein confinement depuis près de 15 jours. La baisse de la consommation d’électricité domestique est d’autant plus marquée que les températures, plutôt douces et similaires sur les deux périodes, n’y ont pas joué un rôle flagrant. Le chauffage électrique (environ 30 % des foyers français) a donc été peu sollicité.
On remarque tout d’abord que la consommation d’électricité pendant le confinement a changé de rythme, jusqu’à s’afficher comme typique du schéma d’un samedi normal : avec 3 pics journaliers au moment des repas et un creux assez marqué l’après-midi. RTE l’a en effet constaté. Mais en restant à la maison, la plupart des gens ont-ils tendance à augmenter l’utilisation de leurs appareils ménagers ? Avec la généralisation des compteurs Linky (22 millions installés actuellement), suivre les habitudes des Français est relativement aisé.
Une consommation en diminution globale
La consommation d’électricité domestique est en diminution globale : environ 11 % entre la première et la dernière semaine de mars, à températures comparables. Cependant, elle est très variable d’une région à une autre. Elle a augmenté de 3 % en Bourgogne Franche-Comté – seule région où elle s’affiche positive. Mais elle a diminué dans toutes les autres régions, affichant même un -18 % en Nouvelle Aquitaine.
La réponse à la baisse de consommation quasi général est certainement à chercher dans le changement radical de comportement des Français qu’a entraîné le confinement. Et peut-être dans les lieux où ils ont choisi de se confiner. En effet, un nombre important de personnes ont quitté la ville pour aller s’installer à la campagne dès l’annonce du confinement. L’analyse des données de consommation domestique peut aider à quantifier ce phénomène.
Des changements de résidence
Sur les foyers suivis par Wivaldy, 27 % ont diminué leur consommation d’électricité domestique de 20 % ou plus entre le début et la fin mars. Et la répartition des départs identifiés se remarque : le taux atteint 48 % en Nouvelle Aquitaine. Le site avance l’explication que les gens ont peut-être eu plus qu’ailleurs la possibilité de s’installer dans une résidence secondaire.
Il faut cependant modérer l’analyse en décomposant les 27 % de foyers suivis par le site ayant enregistré une baisse de plus de 20 %. Un tiers a connu une baisse de plus de 40 % : ceux-là ont clairement quitté le logement. Pour les deux tiers dont la baisse s’est située entre 20 et 40 %, cela peut indiquer un départ, s’ils ont laissé des appareils énergivores allumés (ballon d’eau chaude, chauffage électrique). Mais pas obligatoirement : ces personnes ont peut-être réduit sérieusement leur consommation d’électricité domestique, sans pour autant quitter les lieux.
Une relative stabilité pour la plupart des foyers
A l’inverse, pour les foyers (environ 5 %) dont la consommation a grimpé de plus de 60 %, c’est le signe d’une arrivée probable dans le logement. Là-aussi la répartition varie sur l’ensemble du territoire. Mais un taux d’arrivées de 8 % a été observé en Auvergne-Rhône-Alpes (le plus important). Enfin pour ceux qui sont bien restés confinés chez eux, on n’observe apparemment pas de surconsommation malgré un temps plus long à la maison. La tendance est plutôt à la baisse.
Les raisons de cette relative stabilité malgré un temps plus long à la maison peuvent être multiples. Moindre utilisation de la machine à laver puisque l’on sort moins ? Utilisation plus raisonnée du chauffage lorsque tout le monde est là ? A Eco CO2 en tout cas, nous attendons les résultats d’une étude réalisée par des sociologues et psychologues (d’ECO CO2, du CETU ETIcS de l’Université de Tours et du laboratoire LIRTES de l’Université Paris-Est Créteil) pour mieux comprendre l’impact du confinement sur notre consommation d’électricité domestique.
Source : Wivaldy