Les bilans de l’année 2011 tombent actuellement, et le domaine des produits bios n’y échappe pas. Le baromètre de l’Agence Bio et une étude du cabinet Xerfi, relayée par Novethic, font le point sur la consommation bio en France, et s’interrogent sur l’opposition ou la complémentarité des notions de consommation bio et de consommation locale.
Le marché bio est toujours en période de croissance, mais plutôt en termes de valeur qu’en termes d’acheteurs : le baromètre de l’Agence Bio indique que 6 Français sur 10 ont consommé des produits bios en 2011, et 4 sur 10 au moins une fois par mois. Cela représente en fait peu de clients supplémentaires, mais la fidélisation d’une partie des consommateurs se confirme par l’augmentation de la part des produits bios dans le panier moyen. L’étude du cabinet Xerfi y voit toutefois un ralentissement important de la croissance du domaine. Celle-ci a en effet bondi de 32 % entre 2008 et 2010, mais il faudrait plutôt s’attendre à un petit 5 % en 2012.
La cause en est-elle dans le développement du consommer « local » qui lui ferait concurrence ? On sait que le prix des produits bios représente le principal frein à sa consommation. Pour les produits locaux, les AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), les ventes directes à la ferme, voire les ventes directes de producteurs par internet se multiplient. Elles permettent de consommer des produits locaux et en saison, donc moins coûteux. Or en période de crise, le consommateur a tendance à se replier sur son bassin local. Et, question bilan carbone, celui du local est souvent bien meilleur que celui des produits bios. En effet, nous avons déjà évoqué dans ces pages l’insuffisance de productions bios en France et la situation ne s’est guère améliorée : les surfaces utilisées en bio ne se développent pas assez vite (4 % seulement des surfaces cultivables), et l’Agence Bio souligne que plus du tiers (35,3 %) des produits bios sont importés, alors que pratiquement la moitié (49 %) des importations concerne des denrées que la France pourrait parfaitement produire.
D’autre part, dans l’esprit de beaucoup, produit « responsable » est fréquemment associé à produit « local ». Les grandes surfaces jouent d’ailleurs de cette confusion en mettant en avant un « approvisionnement local », dans le rayon viande comme dans le rayon fruits et légumes. Or, si les consommateurs très réguliers de produits bios les envisagent bien dans leur globalité et restent fidèles à leur choix, il n’en va pas toujours de même pour les consommateurs occasionnels, qui se laissent plus facilement séduire par le local. Les filières professionnelles d’agriculture biologique ne souhaitent pas opposer les deux, mais bien mettre l’accent sur une vision globale : en effet, y a-t-il une cohérence à manger un animal produit localement, mais nourri de soja brésilien ?
Pour Elizabeth Pastore-Reiss du cabinet Ethicity, chacun fait son choix en fonction de ses aspirations :
Il y a une vraie concurrence concernant les fruits et légumes car proximité signifie « plus de fraîcheur » pour les consommateurs. Mais pour des produits tels que le lait, les yaourts ou les œufs l’argument bio me semble plus fort. Quant aux volailles, la concurrence vient plutôt d’autres labels, tel le « label rouge », que du local.
Actuellement, le « local » ne représente pas encore une réelle menace pour le « bio », principalement en raison du système d’approvisionnement des grandes villes. Au contraire, il peut même constituer une réelle opportunité de développement pour la production biologique. La Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) a d’ailleurs lancé en septembre dernier une campagne sur le thème : « bio et local, c’est l’idéal ».
Sources : Novethic, Agence Bio