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Consommez moins de viande, vous émettrez moins de gaz à effet de serre

18 % : voilà, selon la FAO, la proportion de gaz à effet de serre (GES)  induite dans le monde par l’élevage et l’industrie de la viande ! Soit la deuxième source de GES  après la production d’énergie. La production de viande – depuis les plantes fourragères jusqu’au morceau arrivé dans notre réfrigérateur –  mobilise 45 % de l’eau potable mondiale, 33 % des terres émergées et 70 % des terres agricoles.

En 2006, les experts de la FAO avaient été les premiers à prendre en compte toute la chaîne qui mène un steak ou une cuisse de poulet dans notre assiette : des émissions de GES dues aux cultures fourragères (y compris la production d’engrais chimiques et la déforestation) jusqu’à la production animale. Ils y ont ajouté le CO2 produit par la transformation de la viande (abattage, découpage, etc) et le transport. Ce qui avait poussé l’un d’eux, Henning Steinfeld, à déclarer :

L’élevage est responsable de l’émission de 9 % du CO2 mondial, de 37 % du méthane (CH4) et de 65 % du protoxyde d’azote (N2O), un gaz au pouvoir réchauffant 275 fois plus élevé que le CO2, dégagé par les engrais et premier responsable de la destruction de la couche d’ozone.

La FAO a ainsi déterminé que, pour fabriquer un kilo de bœuf, il faut 7 à 10 kg de céréales, 18 000 litres d’eau potable et 5 à 10 fois plus de sols que pour obtenir la même quantité de protéines végétales. L’augmentation de la surface consacrée à l’élevage intensif a augmenté de 186 % entre 1961 et 2001, le plus souvent aux dépens de la forêt : ainsi en Amazonie, l’élevage du bétail en ranch est devenu la première cause de déforestation. A la suite de l’interdiction de nourrir les bovins avec des farines animales, lors de l’épizootie de « vache folle », la demande de tourteaux de soja a explosé. Le Mato Grosso (état du Brésil) exporte la moitié du soja (essentiellement OGM) consommé en Europe, mais pour le produire 90 % des terres nécessaires ont été gagnées sur la forêt. Fabrice Nicolino, auteur d’un livre intitulé Bidoche sur l’industrie de la viande, a précisé lors d’un entretien à France 2 :

Pour nourrir les animaux, en France par exemple, on importe des milliers de tonnes de soja transgénique d’Amérique Latine. Chaque Français a « besoin » de 659 m2 de soja transgénique planté en Amérique tropicale pour satisfaire nos besoins colossaux en viande. Au Paraguay, en Argentine ou au Brésil, des surfaces géantes sont dédiées à cette culture, bouleversant les paysages. Cela a bien sûr des conséquences en chaîne (…).Ces zones de soja ont détruit les élevages traditionnels qui se tournent vers la forêt tropicale. Bref, à cause de notre consommation, on détruit de la forêt, de la biodiversité.

deforestation
source : 7sur7.be

Deux chercheurs, spécialistes de géophysique, de l’université de Chicago ont depuis comparé la consommation énergétique et les gaz à effet de serre produits par cinq régimes : celui de l’américain moyen (30 % de produits animaux, 70 % de produits végétaux plus ou moins transformés puisque les frites et même le ketchup en font partie), un régime à base de viande rouge,, un régime à base de poisson, un régime à base de volaille et un végétarien (incluant oeufs et produits laitiers). Chacun représentant environ 3774 kilocalories, la ration moyenne aux Etats-Unis !  Les résultats sont les suivants :

  • le régime viande rouge induit 2 tonnes d’équivalent CO2 (teCO2),
  • le régime de l’américain moyen : 1,5 teCO2,
  • le régime poisson : 1,1 teCO2,
  • le régime végétarien (plus lait et œufs) : 1 teCO2,
  • le régime volaille : 0,8 teCO2.

Poules en élevage
Source : goenake.overblog.com

Quitte à manger de la viande, mieux vaut manger du poulet ! Cela a d’ailleurs été confirmé dans une étude parue dans l’Ecological Economics qui donne les chiffres suivants :

  • 1 kg de pommes de terre produit 0,23 kg équivalent CO2, soit un trajet de 2 km dans une voiture consommant 5 litres/100 km,
  • 1 kg de pommes, 0,30 keCO2, soit 2,46 km,
  • 1 kg d’asperges, 0,4 keCO2, soit 3,3 km,
  • 1 kg de poulet, 1,1 keCO2, soit 8,9 km,
  • 1 kg de porc, 3,8 keCO2, soit 31,1 km
  • 1 kg de bœuf, 14,83 keCO2, soit 121,2 km.

Mais ce n’est pas si simple, il faut encore compter avec le fait que les trois quarts de la viande de volaille, la moitié de celle de porc et la moitié de celle de bœuf proviennent de l’élevage intensif. Or celui favorise les zoonoses (maladies infectieuses susceptibles d’être transmises par l’animal à l’homme et réciproquement) et l’emploi massif d’antibiotiques pour les prévenir. Sans parler des déversements de matériaux toxiques (résidus d’azote et de phosphore) dus aux fumiers et lisiers.

Mais l’élevage fait vivre 1,3 milliard de personnes, et  constitue un apport primordial de protéines pour les populations mal nourries. La FAO prévoit ainsi un doublement de la production de viande, de lait et d’œufs, d’ici 2050, passant de 229 millions de tonnes à 465 millions de tonnes.

Sources : Science et Avenir n°752, France 2

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