L’association européenne des fabricants de matières plastiques qui milite en faveur d’un objectif de Zéro plastique en décharge à l’horizon 2020, vient de publier une étude sur les conditions de l’optimisation de la valorisation énergétique des déchets plastiques, en complément du développement du recyclage. Elle communique des chiffres montrant que 9 pays européens frôlent les 100 % de recyclage ou de valorisation des déchets de plastique, tandis que la France se situe à 60 %. Alors que l’on utilise chaque année 4,6 millions de tonnes de matière plastique, dont 40 % pour des produits de courte durée (emballages), 3,3 millions de tonnes se retrouvent annuellement sous forme de déchets.
Or tous les polymères, une fois collectés et triés, sont valorisables, soit en recyclage pour réutilisation, soit en valorisation énergétique, car leur pouvoir calorifique est aussi élevé que celui du pétrole, qu’ils peuvent donc remplacer. Ainsi à partir de déchets provenant soit d’ordures ménagères (OMA), soit de déchets industriels non dangereux (DIND), on peut fabriquer des combustibles solides de récupération (CSR) : « Une partie de ces déchets est issue de ressources renouvelables (papier, carton, textiles,…) et de déchets plastiques. Les plastiques apportant leur haut pouvoir calorifique aux CSR, plus les CSR en contiennent plus leur pouvoir calorifique est élevé. » La composition de ces CSR est donc variable, de même que leur empreinte carbone : « Plus la part des produits issus de ressources renouvelables est élevée, plus l’empreinte carbone est faible. »
Mais le concept des CSR, très développé dans les pays du nord de l’Europe, reste mal connu en France, estime l’association : l’Allemagne en fabrique 7 millions de tonnes par an, la France quelques centaines de milliers, alors que son potentiel se situe à 7,8 millions de tonnes :
Les CSR répondent au besoin de la consommation énergétique française. Ils permettent de produire à la fois de la chaleur ou de la vapeur et/ou de l’électricité. En France on consomme ¾ de chaleur/vapeur, issues du pétrole, du gaz, des énergies renouvelables et du charbon, et 23,7% d’électricité.
Des débouchés existent en France, souligne le communiqué : à court terme les cimenteries, très consommatrices d’énergie, peuvent l’utiliser en co-incinération, à plus long terme on peut les retrouver dans la production de chaleur en centrales thermiques « dédiées pour la production de chaleur dans l’industrie et les réseaux. »
Dans l’hypothèse du traitement de 10 millions d’OMA et DIND, les CSR pourraient générer entre 3 000 et 3 500 emplois, non délocalisables. Mais la filière demande l’aide des pouvoirs publics sous trois formes :
- Des soutiens financiers directs sous forme d’aide à l’investissement. En Allemagne, et grâce à des subventions à l’investissement, 32 centrales ont valorisé 5,2 Mt de CSR.
- La mise en place d’une politique visant à restreindre la mise en décharge des produits à pouvoir calorifique, avec une interdiction progressive et définitive en 2020.
- Une gestion régionale des déchets pour faciliter les économies d’échelle et limiter les coûts de gestion.
Source : PlasticsEurope