Des chercheurs du CNRS et du Centre National de Recherche Météorologique ont pu montrer que l’été commence en moyenne aujourd’hui environ 10 jours plus tôt que dans les années 60 et qu’il devrait être encore plus précoce de 7 jours de plus à la fin du XXIème siècle, si les émissions de gaz à effet de serre se poursuivent à leur rythme actuelle.
Le cycle des saisons (dates de début et durée) est immuable dans la mesure où il est défini comme étant directement relié, en un point sur Terre, aux fluctuations en ce point de l’intensité du rayonnement solaire au cours d’une année. Pourtant l’homme en a une autre perception, qui dépend d’autres critères : dépassement d’un seuil de température, migration de l’hirondelle, dates des vendanges, etc. : un « ressenti » qui n’a rien d’étonnant car si l’évolution des températures au cours d’une année suit bien les fluctuations du rayonnement solaire, elle est néanmoins modulée par les caractéristiques locales de la météo et du climat.
Les chercheurs ont établi un critère thermodynamique objectif permettant de distinguer deux grandes saisons en Europe de l’Ouest et d’en élaborer une définition objective. La température de l’Europe de l’Ouest est fortement influencée par la force et la plus ou moins grande pénétration des vents d’ouest à l’intérieur du continent. Ceux-ci sont liés aux anomalies de pression atmosphérique. La relation température/pression est opposée entre l’hiver et l’été : ces deux éléments sont anti-corrélés en hiver et corrélés en été. Les chercheurs ont donc décidé de choisir la date de ce changement de signe de la corrélation saisonnière pour définir le début de deux grandes saisons distinguées par ce critère thermodynamique.
Ils ont ainsi pu déterminer que l’été commençait autour du 10 avril dans les années 60, mais autour du 31 mars dans les années 2000 : « Ils ont pu mettre en évidence que les simulations historiques ne reproduisaient cette tendance à l’avancement de la date du début d’été que si l’évolution observée des forçages naturels (solaire et volcans) et anthropiques (émission de gaz à effet de serre, d’aérosols…) était prise en compte. Ils montrent ainsi que ces forçages sont responsables pour partie de cette tendance, qui ne peut donc être expliquée par la seule variabilité interne climatique » précise le CNRS.
Les chercheurs ont aussi pu déterminer quel forçage était impliqué, et attribuer la tendance à l’avancement de la date de l’été à l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère que les aérosols anthropiques viennent moduler, alors que les forçages naturels n’ont qu’une contribution mineure.
Selon leur modèle, l’été s’établirait en moyenne autour du 25 mars en 2100, soit environ 2à jours plus tôt qu’à l’époque préindustrielle (autour du 12 avril). Par contre, les chercheurs n’ont pas détecté de recul de la date de début de l’hiver. Ainsi, conclut le CNRS : « Cela montre que les effets de l’activité humaine sur le vivant ne s’expliqueraient pas uniquement par le simple « réchauffement global » mais pourraient également s’écrire de manière plus subtile, au niveau de l’Europe de l’Ouest, par la modification de la relation intrinsèque entre circulation atmosphérique et température. »
Source : CNRS