Une marée noire due à l’échouement d’un bateau sur l’île Maurice a eu lieu cet été. Pour combattre la marée noire qui en a découlé, des ONG, bénéficiant de peu de moyens devant l’urgence de contenir les nappes d’hydrocarbures afin d’éviter qu’elles ne polluent les côtes, ont eu l’idée d’utiliser des cheveux, matière première qui ne manque pas. Un kilo de cheveux peut ainsi retenir jusqu’à 8 fois son poids d’hydrocarbures.
Des boudins de cheveux contre la marée noire de l’île Maurice
Le bateau Wakashio contenait entre autres, lorsqu’il s’est échoué le 25 juillet sur la Pointe d’Esny, au sud-est de l’île Maurice, en zone maritime protégée interdite, 3 800 tonnes de fuel et 200 tonnes de diesel. Après pompage du carburant restant dans le navire, les autorités locales annonçaient que 800 tonnes de fioul s’étaient déversées dans l’océan, souillant les massifs coralliens, mangroves et lagons.
Rapidement les ONG se sont mobilisées et ont lancé un appel mondial à la collecte de cheveux. En effet, le cheveu est un adsorbant naturel d’hydrocarbures pouvant adsorber jusqu’à 8 fois son poids en hydrocarbures du fait des propriétés dues à sa nature à la fois hydrophobe et oléophile. Les ONG, en collaboration avec les scientifiques, ont donc déterminé les écosystèmes les plus sensibles à préserver en priorité.
Des mesures naturelles et non chimiques
Les cheveux sont utilisés pour la confection de boudins flottants, traditionnellement composés de chanvre, de tissus et de paille de cannes à sucre. Très efficaces, ils laissent passer l’eau et absorbent les hydrocarbures. Après absorption, ces boudins sont collectés et acheminés vers des centres de traitement de déchets adaptés.
Les coiffeurs de l’île Maurice se sont immédiatement organisés pour collecter les cheveux. Les ONG ont pour leur part lancé un appel mondial à la collecte de cheveux. Appel entendu dans plusieurs pays dont la France, qui ont organisé une récolte de cheveux ainsi que la logistique nécessaire à l’acheminement sur place. Il existe une start-up française, Capillum, spécialisée dans la collecte de cheveux en vue d’en faire une ressource et non un déchet, qui a répondu à cet appel. Elle exploite la kératine, qui compose à 95 % le cheveu. 10 000 kilos de cheveux sont ainsi récupérés par la start-up chaque année.
Mais le gisement de déchets capillaires, générés par les salons de coiffure, est estimé à 4 000 tonnes par an rien en France. La start-up s’engage de plus à constituer des stocks d’urgence pour pouvoir agir plus rapidement en cas de nouvelle catastrophe écologique. La matière première de ces boudins absorbeurs d’hydrocarbures, continuellement renouvelable, ne risque donc pas de manquer !
Sources : Futura-Science, Capillum