Depuis le début de la semaine, six corbeaux s’affairent dans le parc de loisirs du Puy du Fou (Vendée). Leur travail ? ramasser et rapporter dans une boîte à déchets ce qui pollue le parc ou le parking : les mégots par exemple. Ils sont bien entendu pour cela dûment rémunérés… en croquettes, qu’ils adorent.
Une première expérience sur les corvidés
Nous savons déjà que les corbeaux – comme les corvidés en général – sont des animaux particulièrement intelligents, capables non seulement d’apprendre, mais de transmettre leur savoir à des congénères. Il y a quelques années, nous avons suivi avec intérêt l’expérience Ecorvidés, menée à l’Université de Lille.
Une équipe d’étudiants, dirigée par un enseignant chercheur, Christophe Vieren, a pu démontrer la capacité d’apprentissage de ces oiseaux (corbeaux, corneilles noires, pies, etc.) en imaginant une boîte distribuant des récompenses pour chaque déchet rapporté. Il s’agissait alors d’oiseaux non dressés et libres.
Des corbeaux freux nettoyeurs
Dans le cas du Puy du Fou, ce sont des corbeaux freux qui ont été retenus pour ce travail. Ils ont été dressés pour participer au nettoyage. Ce qu’ils font bien volontiers, puisque chaque déchet déposé dans une boîte leur vaut une récompense. Et des petits déchets, ils en trouvent, preuve selon leur dresseur de l’incivilité de certains visiteurs : « Sur le parking, il y a des détritus et les corbeaux sont en train de les ramasser, ce n’est pas normal, c’est à nous, humains, de faire attention, c’est le message final« , explique Christophe Gaborit, spécialiste de l’affaitage (dressage) des rapaces du Puy-du-Fou.
Il s’agit d’oiseaux « particulièrement intelligents » : « lorsqu’il est dans une atmosphère affective porteuse, aime communiquer avec l’homme et établir une relation avec lui par le jeu« , précise Nicolas de Villiers, président du parc de loisirs. Ils y remplissent ces fonctions de nettoyeurs sous le regard intéressé des visiteurs, un spectacle supplémentaire en quelque sorte.
Le dresseur a fabriqué pour l’occasion de petites boîtes spéciales. Comme dans le projet Ecorvidés, elles comportent un mécanisme qui libère une croquette à chaque fois qu’un mégot ou autre petit déchet y est déposé. Motivés par la récompense, les corbeaux ont là-aussi rapidement appris comment fonctionnait la boîte. Il les a ensuite remplacées par une unique « de la taille d’une brouette« . Ces courageuses bestioles arrivent ainsi à remplir en trois quarts d’heure l’équivalent d’un seau.
« L’objectif n’est pas simplement de nettoyer, car les visiteurs sont globalement respectueux de la propreté, mais aussi de mener une action pédagogique », qui montre ainsi que « la nature elle-même peut nous apprendre à faire attention à l’environnement », explique Nicolas de Villiers. Une action qui sert aussi à redorer l’image d’un animal méconnu, souvent considéré comme nuisible. « Je l’ai toujours aimé parce que c’est un oiseau qui n’est pas apprécié. On a réussi à changer son image, c’est super-intéressant« , précise M. Gaborit.
Source : AFP, Charente Libre